Un rapprochement franco-britannique qui n’est qu’un rattrapage

Cette visite à Paris de Rishi Sunak était visiblement une grand-messe, or contrairement à ce que l’on pourrait supposer, les destinataires n’étaient pas uniquement les citoyens mais aussi les participants eux-mêmes. J’ai entendu une sommité de la diplomatie française dire, en entrant dans la salle de XXXX de l’Elysée, que c’était « l’affluence des grands jours » et de serrer la main avec effusion d’un homologue britannique qu’il venait juste de découvrir dans la salle.

Ce qui tendrait à prouver qu’il y avait du rattrapage à faire. Depuis le Brexit, les dossiers sont perturbés par les remouds des exigences et piques émanant d’un côté comme de l’autre sur 3 aspects importants mais aussi grand public:
1- les eaux de pêche
2- la frontière entre les deux Irlande
3- le jugulation des flux de migrants dans leurs « Small Boats » faisant le voyage trans-Manche entre le départ en France et l’arrivée sur les côtes anglaises.
4- les procédures de visa simplifiées pour l’entrée au Royaume-Uni
5- la proximité militaire
Toutefois, ces dossiers étaient-ils en souffrance? En effet, à y regarder de prêt, tous les aspects étaient déjà traités au niveau ministériel pour certains, au niveau UE pr d’autres. Le dossier de la pêche a été imperceptiblement abordé. Le communiqué commun émis par l’Élysée et le 10 Downing Street était dense, visiblement préparé depuis longtemps, et sans grande effusion d’émotion. C’était davantage une retour à un bon rythme d’échanges, mais le Royaume-Uni ne donne nullement l’impression d’avoir retrouvé un frère, mais plutôt un partenaire proche et incontournable. Lorsque Rishi Sunak fait allusion à l’histoire commune des 2 nations, sans en donner le contenu, l’on se demande si lui-même saurait énuméré quelques-uns des grands moments de ce mythique passé.

Macron au Congo: un peu de linge sale lavé en public, avec le sourire

Lors de la conférence de presse bilatérale, à Kinshasa, des présidents Emmanuel Macron et Felix Tshisekedi, des phrases inhabituellement directes ont été dites:
      F. Tshisekedi a demandé moins de condescendance de la part des dirigeants français, et a rappelé que Jean-Yves Le Drian en avait fait preuve. Toujours la critique envers le processus électoral en République démocratique du Congo, et jamais un mot sur l’ignoble agression rwandaise. E. Macron a répondu que la presse française ne peut être blâmée, puis F. Tshisekedi s’est plaint de l’expression « compromis [électoral] à l’africaine »… Les deux hommes se sont mis d’accord que la condescendance dans  la formule venait  de J-Y Le Drian, FT disant que c’était condescendant, EM disant que non, et les deux de conclure qu’ils s’en étaient expliqués avec JYLD à une conférence à Nairobi… En clair, un peu de lavage de linge sale en public, mais dans la bonne humeur! Le public congolais a vociféré joyeusement, soutenant son président.
Emmanuel Macron fait une chose rare, lors de son déplacement en République démocratique du Congo: il ne répond pas à la question posée par la presse française sur la politique intérieure française, concernant l’opposition au prolongement de l’âge de la retraite.
      « Je ne vais répondre d’ici, compte tenu des choses graves qui sont en train de se dérouler ici ». Il s’agit là d’une référence à la guerre civile dans la province du Kivu, sur une zone qui recouvre la moitié de la superficie de la France, et qui a emporter des millions de vies par famine, déplacements forcés, massacres, enrôlements forcés d’enfants soldats.
      En ce qui concerne les dossiers congolais, le président Félix Tshikesedi plante le décor: la forêt tropicale du bassin du Congo, « premier poumon du monde »; la Françafrique n’existait plus, et la France devait entrer dans la compétition économique en R.D. Congo; il n’y a pas beaucoup de firmes françaises en RDC ni en Afrique, et ce serait bien qu’il y ait davantage.
      E. Macron, au sujet de la guerre civile au Kivu:  « face aux guerres qui ont fait autant de morts que la Première Guerre Mondiale en Europe… » Le président parle-t-il de la colonisation belge, si meurtrière dans ces premières décennies, ou de la guerre civile actuelle?
      Pont aérien humanitaire pour Goma (province du Kivu) , 34 M€ débloqués, à ajouter aux 50M€ de l’UE. Il y a maintenant un plan de paix, sous parrainage du président de l’ANGOLA, João Lourenço, pour faire cesser la violence du M23.
      Macron doit faire face à l’inimitié entre gvts Rwanda et RDC. S.E. Tshisekedi parle de prédation du Rwanda depuis 20 ans.
Au sujet du rôle de la France dans le passé colonial et post-colonial: « Je ne suis pas pour prendre tous les fardeaux, et je prends les miens, et c’est déjà bien. »
      E. Macron dit: « Il faudrait qu’il y ait la RDC comme un Nigeria francophone…. Quand François Mitterrand est venu à Kinshasa en 1984, votre population était la moitié de la française ».
      Au final, la Françafrique n’est pas vraiment le sujet brûlant en RDC, mais plutôt le tropisme UKRAINE des Européens, où le nombre des morts a franchi les 100 000, alors qu’en RDC il s’agit de 10 millions personnes.
      Enfin, un bon mot du président français au sujet de son homologue Denis Sassou Nguesso de République du Congo: « Je ne suis pas allé à Brazzaville pour servir la soupe ».

Ces élus ukrainiens devenus des Russes de Poutine

Lors du discours de Vladimir Poutine à la Douma, l’aura remarqué dans l’assistance deux Ukrainiens connus: Volodymyr Saldo



et Evgeny Balistsky.



Ancien maire de Kherson sous le régime ukrainien pré-annexion, Saldo a toujours été pro-russe, c’est-à-dire  favorable à la proximité étroite Ukraine – Russie, il a rallié Poutine lors de l’invasion et a été installé en gouverneur de la nouvelle région russe de Kherson. Puis le 9 novembre, Kherson est entièrement abandonné par les forces russes, et les forces ukrainiennes se réinstallent dans la ville avec peu de combats. Saldo perd son principal port d’attache. Aujourd’hui il est une icône sans pouvoir de la légitimité  fictive de l’incorporation dans la Fédération de Russie des régions de Zaporijia, Kherson (la ville et le  vaste territoire au sud du fleuve Dniepr), Donetsk et Lougansk. 

Evgueny Balitsky, politicien

pro-russe un peu moins accompli que Saldo, gouverneur pour la région russe annexée de Zaporijia, était également visible lors du discours. 

Rappelons que dans le cas des 2 nouvelles conquêtes du Kremlin en 2022, les régions (« Oblast » dans le langage russe ET ukrainien) Kherson et Zaporijia, les deux métropoles sont sous contrôle du gouvernement central ukrainien. Concernant la ville de Zaporijia, elle n’est même  jamais tombée aux mains de l’armée russe, et son gouverneur régional est bien insignifiant que Saldo.

La Moldavie menace la Russie? Pour Lavrov, c’est possible

Serguéï Lavrov estime que les Occidentaux préparent la Moldavie à un rôle d’ennemi de la Russie. « Ils ont installé — par des méthodes ni libres ni démoc. — une présidente pro-Otan, qui a la nationalité roumaine et est disposée à agir sans frein.

« I will not go into detail, but it (Moldova) is one of the countries that the West wants to be yet another « anti-Russia. » Pour rappel: la Moldavie N’A PAS D’ARMÉE, ni alliée. La psdte Maia Sandu, comme des millions de Moldaves, à le droit à la nationalité roumaine.

Enfin, le pays est ceinturé par la Transnistrie, étrange État corridor, fidèle à la Fédération de Russie, base d’une force de soldats russes à peine maquillés en forces armées transnistriennes, et qui pourrait déferler sur Chisinau en quelques heures. Qui menace qui?



La modeste sympathie russo-israélienne torpillée par le Ministre russe lui-même

Sergueï Lavrov, 🇷🇺 Ministre des Affaires Étrangères russe, vient de plonger dans le scandale. Le président Zelensky est un nazi, et d’ailleurs Hitler avait du sang juif lui aussi, dit-il à une télé italienne.


L’absurdité offensante de ses déclarations anéantissent le peu de crédibilité qui lui restait en Occident. Où ira maintenant la cordiale relation israélo-russe? Une question de logique: que peut bien savoir le Ministre russe sur cette question. Les études historiques se sont succédées, sans pouvoir jamais établir la véracité de la judéité de sang attribuable au Führer. Jamais une piste sérieuse et étayée n’a été étayée. Un bon résumé dans « Les mythes de Seconde Guerre Mondiale », sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviorka (éditions Perrin), y consacre un chapitre figurant les principales sources, et Brendan Simms « The Word Was Not Big Enough » for Hitler, Allan Lane publishers, y présente une étude parallèle menant au même résultat: hautement improbable sinon insensé.

En Israël le choc de cette remarque commence seulement à se faire sentir, l’ambassadeur de Russie en Israël a été convoqué. Les relations russo-israéliennes en prennent un coup.