Si Donald Trump tentait de défaire OTAN: que faire? Le Quai d’Orsay s’est posé la question

À l’occasion du Sommet de l’OTAN début juillet, la question d’une désaffection américaine pour l’OTAN est discrètement posée. Des discussions embryonnaires existent, la France pousse à la prise de conscience,  c’est une question très difficile pour les Allemands, longtemps dans le déni de ce problème. Fr est la principale nation « contributrice réelle » à l’OTAN après les États-Unis, et en plus nous autres Français sommes sereins car avons notre arme nucléaire propre.
Paris voudraient que partenaires augmentent leurs efforts militaires.
Toujours est-il qu’en vertu d’une loi nouvelle sur l’OTAN, voulue par Biden, toute sortie des États-Unis de l’OTAN serait conditionnée par le Sénat qui devrait doit l’accepter  aux 2/3 ce qui est très improbale,.
Mais Washington sous Trump pourraient ramollir l’Article 5.
La France fait donc du Contigency Planning.
Les Républicains autour de Trump, c’est-à-dire le America First Policy Institute, où travaille l’influent Général retraité Keith Kellogg (qui a reçu des diplomates français), à  la Heritage Fondation  , et la Hudson Foundation  — tous sont favorable au maintien des États-Unis dans l’OTAN.

Une Fête de l’Indépendance des États-Unis à Paris: simple mais efficace

 

Le 4 juillet, Fête de l’Indépendance des États-Unis, est généralement marquée quelques jours avant à l’ambassade (ou plus exactement la résidence qui s’y trouve attachée) américaine de Paris. Les thématiques sont souvent extraordinaires, comme en 2019, année marquant la déambulation lunaire d’Apollo 11, un son et lumière et des acteurs en scaphandres spatiaux faisant des acrobaties sur la pelouse!

En ce 2 juillet 2024, ambiance sobre, le minimum dans les déroulement d’un spectacle — en vérité, pas de spectacle hormis la garde d’honneur, mais même le minimum est solennel et impressionnant. Des chanteurs de jazz tout à fait respectable, mêlant classiques français et américains des années 30 et 40. Discours de l’ambassadrice Denise Campbell Bauer, protocolaire mais toujours lié à la dette historique des Révolutionnaires américains envers Rochambeau, Lafayette, de Grasse. Un descendant de Rochambeau, Jérôme Danard, de l’association pour l’amitié franco-américaine (www.france-etatsunis.org), était de la partie.
À remarquer cette année l’absence totale de notabilités françaises. Je n’ai pas remarqué le moindre député, ni ambassadeur, quelques conseillers élyséens. Dans les années antérieures, des ministres en exercice venaient, et étaient même invités à s’exprimer à la suite de l’ambassadeur, ce fut le cas de Manuel Valls il y a une douzaine d’années, qui dénonça cordialement mais explicitement l’espionnage mené par les services américains, y compris sous l’impulsion de Hillary Clinton sécrétaire d’État, contre les négociateurs français des accords commericaux. L’ambassadeur ne pouvait évidemment pas répliquer, et pourtant la fête se poursuivit avec gaité sous un soleil radieux et maints mini-hamburgers et autres petits-fours.
Jeep de la Deuxième Guerre Mondiale. (c) DD
Une exposition dans les locaux de la Résidence (attachée à l’ambassade), sur le Débarquement de Normandie, deux jeeps et une moto d’époque, toujours pour rappeler les liens construits au cours des deux Guerres mondiales. En 2017, l’ambassade exhiba une ambulance américaine — l’on sait que des unités d’ambulanciers et de pilotes se battaient en France avant même l’entrée en guerre des États-Unis. Les gouvernements ont parfois des retards sur les sentiments des citoyens.

La newsletter du 14 au 22 juin : spécial Eurosatory

C’est encore une semaine chargée en actualité et en rebondissements qui vient de s’écouler.

  • Les confidences du Ministère des Armées

A retrouver sur le lien suivant: https://decalagediplo.fr/le-samp-t-ng-pour-2026-27/

  • 60 canons Caesar vendus à l’étranger

L’Eurosatory 2024, qui a fermé ses portes vendredi, est un succès commercial pour l’industrie française de l’armement. C’est en tout cas ce dont s’est vanté le ministère des Armées cette semaine.

L’Estonie, l’Arménie et la Croatie sont les trois pays à avoir officialisé l’achat de canons Caesar à l’occasion du sommet. Construits par le consortium franco-allemand KNDS, ils sont aujourd’hui réputés les plus performants au monde. Au total, soixante pièces d’artillerie ont été vendues. Il nous manque les détails du nombre de canons vendus par pays.

L’achat des Caesar par l’Arménie marque une nouvelle étape dans son réarmement, alors qu’elle se prépare selon nos sources à une possible invasion de l’Azerbaïdjan dans les prochains mois.

L’Estonie de son côté anticipe une éventuelle arrivée des troupes russes dans son pays. Selon des documents rendus publics par les services de renseignement estoniens, les Russes amassent des milliers d’hommes depuis plusieurs mois à la frontière avec les pays Baltes.

  • Lituanie : spécialité drones

    La Lituanie est réputée en Europe pour sa technologie de haut niveau et son stand à l’Eurosatory cette année était une bonne illustration du savoir-faire lithuanien, en particulier dans le domaines des drones.

    Les drones et les systèmes anti-drones sont l’une des principales spécialités lithuaniennes. L’entreprise RSI Europe, présente à l’Eurosatory, en est un exemple type. Elle développe en en particulier des drones kamikaze, aussi appelés munitions rôdeuses en langage militaire ou loitering munitions en anglais.

    Abondamment utilisés par les Ukrainiens et les Russes dans la guerre en Ukraine, ils constituent des armes redoutables, économes aussi bien en hommes qu’en argent. Leur compétitivité est difficile à égaler : 800 € en moyenne pour un drone de catégorie Shpak FPV, avec des prix spéciaux pour l’Ukraine dont les industriels refusent de dévoiler le chiffre exact.

    Le Sphak FPV peut voler à une distance maximale de 25 km, voler jusqu’à 100 km/h à vide. Il pèse 2,5 kg et peut porter une charge de 3 kilos. Il s’agit donc d’un système léger et simple d’usage, très commode pour mener une attaque ciblée.

    Son explosion est déclenchée de deux manières différentes : ou grâce à un détonateur ou en s’écrasant directement sur sa cible. L’application RISE-1 développée par RSI Europe permet de contrôler et de paramétrer son vol depuis un téléphone portable.

    Autre innovation lituanienne : les systèmes anti-drone avec plusieurs conceptions remarquables : le Skywiper EDM4S, un fusil anti-drone construit par l’entreprise NT Service.

    Le Skywiper EDM4S permet de brouiller les ondes des drones en actionnant une gachette en direction de l’appareil. L’objectif est que le Skywiper prenne le contrôle du drone et pour le faire s’écraser au sol et qu’ainsi, le pilote ennemi – à distance– perde le contrôle de son appareil. Ce fusil anti-drone a un côut moyen de 17 000 €. “Mais il y a là-encore des tarifs préférentiels pour l’Ukraine” nous assure encore un commercial de NT Service. Selon le blog Mehza Media, la Lituanie avendu près de 110 Skywiper EDM4S à l’Ukraine entre février et juin 2022.

    Le second système est un radar 2.0 permettant aussi de brouiller les ondes des drones kamikaze pour les empêcher d’atteindre leurs cibles. Ces appareils peuvent varier en dimensions et en puissance en fonction de la cible qu’ils doivent protéger, qui peut varier du simple soldat à un  convoi de véhicules.

    Le coût de ces radars peut varier de quelques milliers d’euros pour les petits modèles à 20 000 €, avec là-encore des prix spéciaux pour l’Ukraine.

    Les industriels demeurent discrets sur l’identité des pays acheteurs de leur matériel, qui sont tous “membres de l’OTAN” nous assurent-ils.

    Y a-t-il des drones qui résistent à la technologie lituanienne ? Oui nous ont confié quelques industriels, en particulier les drones iraniens, dont certains sont autonomes, c’est-à-dire, dirigés par un programme intégré au drône, sans interférence humaine durant son vol. Cela rend donc plus difficile leur interception. Les commerciaux de NT Service ne cache pas d’ailleurs, qu’il s’agit-là “d’une piste de recherche” pour les entreprises lituaniennes.

Déclarations conjointes ou Conférence de presse conjointe, ou comment les dirigeants ont besoin des journalistes

Pour la « visite officielle » de Volodymyr Zelensky, président de la République d’Ukraine, à l’Elysée le 7 juin, il y eut une conférence de presse  conjointe des deux présidents.

Ils prirent 5 questions, négociées préalablement entre les journalistes présents. Des questions qui recueillaient l’assentiment de tous les participants, car il s’agissait des questions logiques. Un journaliste russe d’opposition réclama une question spécifique, et les journalistes français acquiescèrent sans barguigner. Une journaliste ukrainienne reçue elle aussi une question à poser, de son choix exclusif. La présidence ne filtra ni ne nous dicta rien, sans le nombre maximum de questions : 4. Les journalistes forcèrent un peu pour 5.
Les deux présidents firent leurs déclarations préliminaires, puis fusèrent les 5 questions. Puis conférence de presse terminée. Normal.

Le lendemain, le président Joe Biden, en « visite d’État », et Emmanuel Macron ne purent proposer qu’une « Déclaration conjointe ». Aucune question à poser. Les journalistes dans la salle étaient réduits au rang de figurants. Pourquoi ce mutisme? L’on ne sait pas (encore). Pour ces deux démocraties, l’ambiance était semblable aux Déclarations lors de la visite d’État de Xi Jinping en France quelques semaines auparavant. Dommage.

Netanyahou et l’absence du Soudan du Sud

Le PM israélien, Benjamin Netanyahou, lors de son interview sur LCI jeudi 30, a brandi une carte géographique, comme à son habitude. Israël, répète-t-il, est noyé dans un océan arabe, pourquoi tant d’hostilité?
Cette carte montre en effet le Sahara occidental en blanc, et donc sans son intégration dans le Royaume du Maroc.
Le PM et la carte surannée
Capture d’écran, le Soudan du Sud aligné sur le petit-doigt de la main gauche
Mais l’on remarque  que la carte figure aussi un Soudan d’avant 2011. Le Soudan du Sud n’existait pas encore!
L’État d’Israël et la République du Soudan du Sud se sont reconnus presque tout de suite. Entre Israël et le Soudan désormais privé de ses anciennes zones méridionales, les relations diplomatiques étaient sur le point d’être nouées, mais la guerre civile soudanaise a remisé ce projet à un avenir meilleur.
Toujours est-il que Benjamin Netanyahou, qui se targue d’être un étudiant de l’histoire, n’a vraiment pas gardé ses cartes à jour. Et que personne du Ministère des Affaires étrangères israélien n’a dû être consulté.