L’ONU n’a toujours pas statué sur le nombre d’agents du Hamas infiltrés dans l’UNRWA

La commission d’enquête diligentée par l’ONU, et conduite par Catherine Colonna, diplomate française et ancienne Ministre des Affaires Étrangères, n’a toujours pas confirmé le degré d’infiltration du Hamas dans l’institution onusienne dédiée aux Palestiniens, l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Refugees in the Near East, fondée en 1949).
Pourtant, Amir Weissbrod, Deputy Director of United Nations and International Organisations Division, State of Israel
c’est-à-dire le diplomate israélien chargé du dossier de l’UNRWA, en visioconférence avec la presse européenne, a expliqué le 8 avril que l’UNRWA était totalement vérolé par les agents du Hamas. « Il ne s’agit pas seulement de quelques brebis galeuses » [« not just a few bad apples »], a-t-il dit. Ce sont plus de 17% des agents UNRWA qui sont affiliés au Hamas, et un tout petit nombre au Jihad Islamique.
L’UNRWA est vérolé par le Hamas, dit Amir Weissbrod, diplomate israélien
Dans son rapport préliminaire du 20 mars, la Commission a communiqué à Israël ses éléments, et pour Weissbrod, la Commission avait fait les bonnes observations mais ne semblait en tirer aucune conclusion adéquate.
« Nous avons fourni à la Commission ce que nous avions, avec une ouverture vraiment très poussée. »
Amir Weissbrod, ambassadeur d’Israel auprès des institutions de l’ONU et des Organisations internationales
Pour comprendre l’incompréhension entre Israël et l’ONU sur ce dossier, Weissbrod fait une mise au point. Pour l’UNRWA, le question de savoir si un agent est affilié au Hamas tient aux déclarations officielles: le gouvernement de Gaza a-t-il mentionné l’appartenance de la personne au Hamas? Les cours sont-ils neutres? Y a-t-il des slogans anti-israéliens? Aussi, Israël note que plusieurs agents de l’UNRWA s’expriment sur les réseaux sociaux, et sont très évidemment des membres du Hamas. Et plus d’une trentaine de principaux d’école affiliés au Hamas travaillent à quelques dizaines de mètres de bouches de tunnels militaires du Hamas, pleinement repérables. Parfois les tunnels étaient sous les maisons de ces principaux. L’UNRWA recherche des mots, et ne fait aucune recherche sur la sécurité. Et même sur les mots, elle ferme les yeux. Toujours selon Weissbrod, Israël n’a pas de problème avec l’UNRWA hors de Gaza, c’est-à-dire que les opérations au Liban et en Jordanie ne l’intéressent pas. Et si une autre agence de l’ONU, telle l’OCHA (Office of the Commissioner on Humanitarian Assistance) voulait s’occuper de l’aide à la place de l’UNRWA, le gouvernement israélien n’y trouverait rien à redire.

Décevante conclusion dans l’affaire de la conversation téléphonique entre Lecornu et Choïgou

Cet échange téléphonique se transforme en tempête diplomatique. Le Président Macron s’est fâché ce jeudi à l’égard l’attitude du pouvoir russe à la suite des prises de contact téléphonique mercredi soir entre le ministre français des Armées et son homologue russe, Serguéï Choïgou. D’après Moscou, on aurait sérieusement déformé les propos du Ministre Sébastien Lecornu.

Le président Macron voulait que les hauts responsables de la sécurité de France et de Russie coopèrent en matière de lutte contre le terrorisme jihadiste, selon une source informée.

Pourtant, le compte-rendu russe de ce coup de téléphone diverge fortement de la version de Sébastien Lecornu.

Si Lecornu a exprimé la solidarité française avec les victimes russes de l’attentat du 22 mars, à Moscou, il a écarté tout rôle ukrainien dans ce crime.

Serguéï Choïgou a répliqué que les Français auraient, qui sait, épaulé les services secrets ukrainiens. Sa soi-disant preuve : les Ukrainiens agissent toujours avec l’aval des Occidentaux ! Enfin Choïgou a demandé à la France d’empêcher  l’armée ukrainienne d’utiliser une « bombe sale », comprenez une bombe atomique. Rappelons que c’est Vladimir Poutine qui parle d’utiliser des bombes effroyables, et jamais Volodymyr Zelensky, qui n’en dispose pas, son pays ayant restitué la totalité de son arsenal nucléaire soviétique en échange d’une garantie de ses frontières ! C’est le Mémorandum de Budapest de 1994.

Il s’agit maintenant d’un épisode de guerre informationnelle, bien loin de la diplomatie classique.

Le téléphone fonctionne encore entre Paris et Moscou !

Le téléphone fonctionne encore entre Paris et Moscou. D’ailleurs, en matière de lutte contre le terrorisme, il ne s’est jamais arrêté, du moins vu par les ministres de la défense. 

Le Ministère des Armées publie ceci ce 3 avril 2024:

Entretien téléphonique du ministre des Armées avec Sergueï Choïgou 3/04/2024

Le ministre des Armées s’est entretenu le mercredi 3 avril avec son homologue russe Sergueï Choïgou. 

Suite à l’attentat survenu près de Moscou le 22 mars dernier commis par l’État islamique, le ministre a rappelé notre ferme condamnation et la solidarité de la France avec les victimes et leurs familles. Il a confirmé que la France ne disposait d’aucune information permettant d’établir un lien entre cet attentat et l’Ukraine. Il a appelé la Russie à cesser toute instrumentalisation. Il a par ailleurs rappelé la disponibilité de la France, comme nous l’avons toujours fait face au terrorisme, d’échanges accrus dans le but de lutter le plus efficacement possible contre cette menace.

Le ministre a par ailleurs condamné sans réserve la guerre d’agression que la Russie a lancée en Ukraine et a rappelé que la France continuera de soutenir l’Ukraine aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire dans sa lutte pour la liberté et la souveraineté, afin de ramener la paix et la sécurité sur le continent européen.

En fait les deux ministres s’étaient parlé en octobre 2022 déjà. Le canal antiterroriste n’a jamais cessé de fonctionner. C’est même le cas entre Washington et Moscou, à ceci prêt que Vladimir Poutine a traité les mises en garde américaines de provocations déstabilisantes. Est-il possible que le caractère public de la mise en garde américaine d’une attaque imminente était humiliante ? 

La France ne voudrait pas avoir ce genre de relation avec la Russie, mais ne voudrait pas non plus être accusée d’un défaut de collaboration non plus.

Les ministres lituaniens se sont rendus nombreux au Paris Defence and Security du 13 et 14 mars

Lors du Paris Defence and Strategy Forum du 13 et 14 mars — premier du genre—, le Président de la République de Lituanie, M. Gitanas Nauseda, a fait le déplacement avec plusieurs ministres. DD en rencontré deux.

§ Madame Greta Monika Tučkutė
Vice-Ministre de la Défense nationale
Madame Greta Monika Tučkutė
Vice-Ministre de la Défense nationale de Lituanie
DD: Quelles actions mène votre pays depuis février 2022 pour faire face à la guerre en Ukraine ?
Greta Monika Tučkutė: Nous avons élevé notre investissement à hauteur de 2,77% du PIB, ce qui représente un effort financier considérable pour notre pays qui comporte 2,7 millions d’habitants seulement.Dans quels armements avez-vous spécifiquement investis ces deux dernières années ?
GMT: Un des investissements importants pour notre pays a été la commande de dix-huit canons César à la France. En principe, la commande devrait être livrée pour 2027. Par ailleurs, nous avons aussi investi dans des drones, achetés à Thalès, des hélicoptères et des véhicules de combat.

Prévoyez-vous la mise en place des mesures de conscription ?
GMT: Pour l’instant, notre armée de réserve est constituée avant tout de volontaires, mais nous accroissons le  nombre de personnes appelées par le biais d’une loterie nationale.
Nous souhaitons dans tous les cas accroître le nombre de soldats au sein de notre armée pour pouvoir faire face à une éventuelle attaque de l’armée russe dans le futur.

Fournissez-vous de l’aide militaire à l’Ukraine ?
GMT: Oui, nous fournissons de l’aide humanitaire, ainsi que de l’armement. Nous avons donné un total de 550 millions d’euros d’armes (munitions, canons, etc.) à l’armée ukrainienne depuis février 2022.

propos recueillis par Maximilien Nagy

 

§ Mrs. Erika Kuročkina

Erika Kuročkina, ministre de l’Industrie et de l’Innovation au Paris Defence and Security Forum
Minister of Industry and Innovation, shared some of her thoughts with us. As an elected official, she could comment on internal politics, and particularly on the Russian minority — to surprising effet.
DD: How are you working for allies for the production of armament? 

Erika Kuročkina: « The shift to tech is imperative. Our military is starting to work with tech companies, they are often civilian based but they are rethinking for dual use. The nature of war has changed, Ukraine  shows this.

Lithuania has a niche of laser for optical, artificial intelligence solutions,
observation, anti drone tracking. Drones are total battlefield innovation. We invest in our local industry, we create without Chinese input, only Lithuanians and other Europeans. We are good at demining, with a system to detonate from a distance.
There is the NATO procurement agency, and even the EU arms strategy. Before the war, countries went it alone. We must strengthen coordination, and rely on each countries strength.
The French market is important, we seek strategic partnerships. I am thinking namely of Unmanned Defense systems.
DD: You are en elected official, what can you tell us of the Russian minority? 
EK: There is a difference with Latvia: in Lithuania Russians naturalized early on, far less naturalization in Latvia. There are also Belarusan exiles. It is strange, they are all very patriotic. I myself am half Russian, for example.
There is a big risk, in Seimas (parliament) there is talk of traitors and spies, secret service is watchful, and interestingly there are non-Russian pro-Putin people and they initiate provocations. The problem is not precisely ethnic Russians.
Pro-Putin people talk about diplomacy and a so-called peaceful way. They tolerate the war. In Lithuania Russian TV channels are blocked, no transport, we have Lithuanian online Russian language news.
DD: Finland and Sweden to NATO?
EK: Finland is a big contribution, they are very determined. Now the Baltic Sea is a NATO Sea. It gives us security.

propos recueillis par Maximilien Nagy et Harold Hyman

« La police israélienne est la plus expérimentée du monde dans la lutte contre le terrorisme »

DécalageDiplo a rencontré Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne, le 7 mars à Paris. Interview en anglais.

 

 

 

DD: Do you talk to your European counterparts?
Since 7 October there has been a increase in international cooperation in Europe, both tactical and strategic.
The police thinking process is changing, attacks are increasingly unexpected in scale and size, European police agencies must think of this, worse incidents could happen in Europe. Much bigger than Bataclan.
Israeli police suggests more tech, more drones , more intel in Europe. Schengen makes movement easy for terrorists; and there is the infiltration through illegal immigration, entrants must be tracked.

DD: Operationally, how is Israel Police organized, and what about the Border Police?

We are the only Police force in the country. No municipal police, we only have local volunteer policing in neighborhoods, as around Jerusalem.
32 000 Regular Police, blue uniform?
and can do infiltrate under cover. and we target houses, and Police is the inner intervention, because we know who is who.
The Border Police is part of Israel Police, 9 000 Border Police, green olive uniform, can have volunteers doing military service, much demand, and many women services; BP do riot control and are first responders and can intervene and patrol around Jerusalem and the Old City.
50pc of our work is community patrolling, we take complaints from all communities.

DD: How do you work with the Army?
It is true that Israel Defense Force has arrest powers, and follows police-style procedures, for example concerning attackers with a knife at 100m: warning shots, then at 20m can shoot in the in legs, etc.
IDF is in charge of border infiltration, police is for any incident inside Israel,
dealing with Judea and Samaria [also designated as the West Bank under pre-1967 terminology], IDF is for Gaza border.
Of course, in Judea and Samaria the IDF works with Palestine Police and Security Forces, mostly at an administrative level; we also have an Israeli police station that keeps a line open with Ramallah.
Aman is military counter-terrorism.

DD: What are the strong points of Israel Police?
Our Police is the most experienced force in world, and could teach other forces about many scenarios and volumes of attack. Israël is sharing its knowledge. Many official visits to Israel since 7 Oct, for instance the head of US Border Patrol visited. We deal with explosive devices, booby-traps inside destroyed homes, and more.
Police patrol Judea and Samaria, and let Palestinians into Israël.
For Ramadan: there will be no age limits at moment on Temple Mount [Haram al Sharif in Arab usage], we hope there will be quiet and no incitement from Hamas or whoever.
Remember, terrorists have an ideology which recommends killing as many Israelis as possible. We are forced to enter Jenin.
Of course we also intervene against Israeli Hill people in Judea and Samaria, but they do not gun down civilians. They retaliate against harassment against them.

DD: What can you tell us about the young woman draftee who warned of Hamas activity right before the attack of 7 October?
She was watching the border. That woman’s info did not enter the general picture. But the puzzle is complex.
We dispatched a unit based on concrete intel, before 7 October some indications in a certain area, one of our units was dispatched as a normal procedure, in past the biggest arrests were 5 people, and steps taken after that were in line with infiltration from 100 terrorists worst scenario.
On 7 October one unit went South and engaged immediately. We had cameras and automated guns over Gaza but these were taken out immediately.
Today it is impossible to infiltrate from Gaza into Israel proper.
There are hundred of weapons inside J&S and there have been very few uses of these arms,

DD: What price did the police pay since 7 October?
Since 7 October, 50 police were killed, 160 injured, including 8 who died when they ran out of ammunition in Sderot police station, and one police officer responding to a call was wounded, kidnapped and died.