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Décalage Diplo est un blog privé qui relève les petits mouvements diplomatiques qui échappent souvent au regard. Fêtes nationales, discours, mini sommets, déclarations, rencontres. C’est l’actualité décalée.

Animé par son co-fondateur Harold Hyman, journaliste spécialisé en questions internationales, et par Maximilien Nagy, jeune journaliste et tudiant en histoire contemporaine.

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Les améliorations techniques viendront à DD dans les semaines à venir. Merci pour votre lecture.

William O’Neill alerte sur la situation dramatique à Haïti

En visite à l’Association de la presse diplomatique, l’émissaire de l’ONU à Haïti, William O’Neill a alerté sur la situation dramatique du pays, miné par des gangs ultra-violents.

Rien ne va plus à Haïti ! Depuis plusieurs mois, les gangs ont pris le dessus à la capitale Port-au-Prince, dont ils contrôlent tous les accès, de même que l’aéroport. Le 11 mars, le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, a annoncé sa démission depuis Porte Rico où il réside toujours, selon nos dernières informations.

« Aujourd’hui, environ 1,5 million d’habitants sont au bord de la famine » alerte William O’Neill, qui décrit une situation non seulement grave, mais hors de contrôle.

Avec leurs 2 000 hommes environ (un chiffre très évolutif), trois gangs dépourvus d’idéologie, mais avides de pouvoir et d’argent contrôlent la capitale haïtienne ainsi que la côte : impossible d’affréter de l’aide humanitaire à Haïti ou une mission de rétablissement de la paix.

Des troupes kényanes de la MINUSTAH devaient atterrir à Port-au-Prince  au mois de mars, mais rien ne s’est produit à cause du blocage de l’aéroport et d’un arrêt de la Haute Cour du Kenya, qui a exigé un accord réciproque de Haïti qui n’est pas d’actualité, tant qu’un gouvernement stable ne sera pas en place.

« Les haïtiens détestent les gangs et souhaiteraient ardemment qu’une opération militaire soit déclenchée contre les gangs, mais pour l’instant, personne ne souhaite intervenir » a rappelé l’émissaire. Mais encore faudrait-il qu’il y ait une force pour déloger ces gangs, qui recrutent aujourd’hui des garçons de 15 ans pour combattre.

Un état fantomatique

Le désordre considérable qui règne à Haïti depuis plusieurs mois révèle l’absence complète de toute structure étatique viable. Il reste encore quelque 9 000 à 10 000 policiers et un millier de militaires, qui croient en l’Etat selon William O’Neill, mais ils sont aujourd’hui très impuissants face aux gangs bien armés et financés par le trafic de drogue et dont les effectifs ne sont pourtant que de 2 000 hommes au maximum.

« A titre de comparaison précise l’émissaire onusien, la ville de New-York possède 37 000 policiers pour un territoire plus restreint et une moins grande population. » Pour une île de 27 750 km² seulement, Haïti est peuplée de 11 millions d’habitants.

Les armes utilisées par les gangs viennent essentiellement de Floride et sont transportées sur des embarcations de petite taille, qui ne sont contrôlées par aucun Etat. « Pourtant, ce serait assez facile » a regretté l’émissaire. Récemment, la douane haïtienne a réussi à arrêter un bateau rempli d’armes sur ses côtes, alors qu’elle possède peu de moyens. Des Etats plus puissants pourraient facilement accroître leurs contrôles sur les navires à destination de Haïti.

Un conseil présidentiel, composé de neuf membres, est chargé de désigner un président. Mais il est difficile à ses membres de se réunir, du fait de la situation sécuritaire fragile. Par ailleurs, leurs réunions précédentes n’ont pas abouti à des résultats très concluants. Des réunions en visioconférence sont envisagées dans les prochaines semaines.

à qui la faute ?

La question de la responsabilité de la situation sur place est sensible et William O’Neill y a répondu sans détours.

D’abord, il a fait remarquer que l’instabilité endémique de Haïti remonte à sa prise d’indépendance, en 1825. Lorsque la France a quitté Haïti à la suite de la révolution qui s’est déroulée de 1791 à 1804, elle a exigé une forte rançon, que l’île a dû payer des décennies durant. Le nouveau gouvernement haïtien, très pauvre dès le départ, devait aussi de l’argent aux Etats-Unis et à l’Allemagne.

Ensuite, les gouvernants successifs sont très directement responsables de la situation sur place, à cause de leur mise en œuvre d’une corruption « systématique » au sein du pays.

L’émissaire a enfin souligné le rôle controversé des Etats-Unis, qui a occupé l’île de 1915 à 1934 et n’a pas véritablement arrangé la situation. Aujourd’hui, Joe Biden n’est pas prêt à se mêler d’un dossier aussi sensible à sept mois des élections présidentielles.

Par ailleurs, William O’Neill a rappelé le rôle très important de l’Etat français au XXe siècle pour la consolidation de l’Etat haïtien. Ce sont des gendarmes français qui ont formé la police haïtienne et des magistrats français qui ont instauré le système judiciaire en place. Enfin, la France a contribué à la mise en œuvre du système éducatif, qui est presque inexistant aujourd’hui.

Quel rôle pour la République Dominicaine ?

Sur le rôle de la République Dominicaine, le journaliste de RFI, Jean-Michel Caroit, dont l’épouse est dominicaine, a pris la parole.

Il a précisé deux points majeurs : d’abord, la volonté du gouvernement dominicain de ne pas s’immiscer dans le conflit haïtien et l’hostilité croissante de la classe politique dominicaine envers Haïti depuis plusieurs décennies. Depuis la reprise des violences, l’Etat dominicain a commencé à construire un mur à la frontière avec Haïti et a mis en place un dispositif militaire important pour empêcher les migrants haïtiens de se rendre en République Dominicaine.

Ensuite, le journaliste a rappelé aussi que la République Dominicaine était la première à alerter sur la dégradation de la situation à Haïti auprès de l’ONU. Manifestement, ses messages n’ont pas été pris en compte jusqu’à l’éclatement des violences fin 2023.

Dix-sept personnes d’ascendance française extraites de Gaza

Le Quai d’Orsay a annoncé la sortie de 17 personnes d’ascendance française de Gaza le 6 avril.

Voici le communiqué du Quai en date du 8 avril 2024 :

« La France reste pleinement mobilisée pour permettre à tous les ressortissants français et agents de l’État, ainsi qu’à leurs familles de quitter la bande de Gaza s’ils le souhaitent.

Samedi 6 avril, une nouvelle opération a ainsi permis la sortie via Rafah de 17 ascendants de ressortissants français. Cela porte à plus de 260 personnes le nombre de personnes qui ont pu quitter la bande de Gaza depuis le 1er novembre 2023 dans le cadre du dispositif d’assistance mis en place par le Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en lien avec le Consulat général de France à Jérusalem et l’Ambassade de France au Caire.

Nous remercions les autorités égyptiennes de leur aide constante à ces opérations d’évacuation, organisées dans des conditions très difficiles.

Nous poursuivons par ailleurs nos efforts pour renforcer notre aide humanitaire à la population de Gaza, en lien avec les Nations unies et nos partenaires internationaux.« 

Décevante conclusion dans l’affaire de la conversation téléphonique entre Lecornu et Choïgou

Cet échange téléphonique se transforme en tempête diplomatique. Le Président Macron s’est fâché ce jeudi à l’égard l’attitude du pouvoir russe à la suite des prises de contact téléphonique mercredi soir entre le ministre français des Armées et son homologue russe, Serguéï Choïgou. D’après Moscou, on aurait sérieusement déformé les propos du Ministre Sébastien Lecornu.

Le président Macron voulait que les hauts responsables de la sécurité de France et de Russie coopèrent en matière de lutte contre le terrorisme jihadiste, selon une source informée.

Pourtant, le compte-rendu russe de ce coup de téléphone diverge fortement de la version de Sébastien Lecornu.

Si Lecornu a exprimé la solidarité française avec les victimes russes de l’attentat du 22 mars, à Moscou, il a écarté tout rôle ukrainien dans ce crime.

Serguéï Choïgou a répliqué que les Français auraient, qui sait, épaulé les services secrets ukrainiens. Sa soi-disant preuve : les Ukrainiens agissent toujours avec l’aval des Occidentaux ! Enfin Choïgou a demandé à la France d’empêcher  l’armée ukrainienne d’utiliser une « bombe sale », comprenez une bombe atomique. Rappelons que c’est Vladimir Poutine qui parle d’utiliser des bombes effroyables, et jamais Volodymyr Zelensky, qui n’en dispose pas, son pays ayant restitué la totalité de son arsenal nucléaire soviétique en échange d’une garantie de ses frontières ! C’est le Mémorandum de Budapest de 1994.

Il s’agit maintenant d’un épisode de guerre informationnelle, bien loin de la diplomatie classique.

Le téléphone fonctionne encore entre Paris et Moscou !

Le téléphone fonctionne encore entre Paris et Moscou. D’ailleurs, en matière de lutte contre le terrorisme, il ne s’est jamais arrêté, du moins vu par les ministres de la défense. 

Le Ministère des Armées publie ceci ce 3 avril 2024:

Entretien téléphonique du ministre des Armées avec Sergueï Choïgou 3/04/2024

Le ministre des Armées s’est entretenu le mercredi 3 avril avec son homologue russe Sergueï Choïgou. 

Suite à l’attentat survenu près de Moscou le 22 mars dernier commis par l’État islamique, le ministre a rappelé notre ferme condamnation et la solidarité de la France avec les victimes et leurs familles. Il a confirmé que la France ne disposait d’aucune information permettant d’établir un lien entre cet attentat et l’Ukraine. Il a appelé la Russie à cesser toute instrumentalisation. Il a par ailleurs rappelé la disponibilité de la France, comme nous l’avons toujours fait face au terrorisme, d’échanges accrus dans le but de lutter le plus efficacement possible contre cette menace.

Le ministre a par ailleurs condamné sans réserve la guerre d’agression que la Russie a lancée en Ukraine et a rappelé que la France continuera de soutenir l’Ukraine aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire dans sa lutte pour la liberté et la souveraineté, afin de ramener la paix et la sécurité sur le continent européen.

En fait les deux ministres s’étaient parlé en octobre 2022 déjà. Le canal antiterroriste n’a jamais cessé de fonctionner. C’est même le cas entre Washington et Moscou, à ceci prêt que Vladimir Poutine a traité les mises en garde américaines de provocations déstabilisantes. Est-il possible que le caractère public de la mise en garde américaine d’une attaque imminente était humiliante ? 

La France ne voudrait pas avoir ce genre de relation avec la Russie, mais ne voudrait pas non plus être accusée d’un défaut de collaboration non plus.

Rencontre Blinken – Lecornu à Satory : une opération de com’ réussie

Le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, de passage à Paris ce mardi, a visité le site de construction de Nexter à Satory, en compagnie du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. L’occasion pour eux de rappeler l’importance d’investir dans l’armement et de soutenir l’Ukraine.

Au cours d’une visite étape en France, en direction d’Israël, le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, s’est rendu sur le site de Nexter, à Satory, dans les Yvelines. Ce fut l’occasion pour celui-ci de rappeler l’importance du partenariat entre la France et les Etats-Unis en matière de Défense. Accompagné du ministre aux Armées, Sébastien Lecornu, Blinken a tenu une courte conférence de presse devant un canon Caesar, exposé dans un hangar de l’entreprise.

Durant ses quelques minutes de déclaration, Anthony Blinken a souligné qu’il est « absolument essentiel que les Ukrainiens aient ce dont ils ont besoin pour se défendre », en particulier des munitions.

Le Secrétaire d’Etat américain a par ailleurs averti que pour venir en aide efficacement à l’Ukraine, il fallait « opérer un investissement dans nos propres systèmes de défense ». Une manière indirecte de souligner l’importance que tous les pays-membres de l’OTAN atteignent les fameux 2% du PIB consacrés à la politique de Défense. Un objectif auquel la France devrait parvenir en 2025.

Blinken est aussi revenu sur les difficultés persistantes de l’administration américaine à faire voter le paquet d’aides à l’Ukraine de 60 milliards de dollars par le Congrès. Pour l’heure, la Chambre des représentants, à majorité républicaine, refuse de voter ce budget. « Les promesses de budget faites par le président Biden doivent être remplies aussi vite que possible […] Les problèmes auxquels nous faisons face ne vont pas être résolus tout de suite » a prévenu le Secrétaire d’Etat.

En réponse à l’intervention de son homologue américain, Sébastien Lecornu, a annoncé une nouvelle augmentation de la cadence de production des canons Caesar : « nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois dans les temps qui viendront » a-t-il déclaré. Pour l’instant, la production est de six par mois.