Allemagne : des piratages russes très inquiétants

L’affaire fait déjà parler depuis quelques jours, alors que la chaîne Russia Today (RT) a révélé que les services de renseignement russes sont parvenus à hacker une conversation téléphonique entre un général allemand à Singapour et des collègues. Le contenu audio de la conversation a été diffusé sur les réseaux sociaux par la chaîne.

Selon le magazine allemand Der Spiegel, les généraux auraient en fait utilisé non pas une ligne interne à l’armée pour leur visioconférence, mais la plateforme WebEx.

La présidente de RT, Margarita Simonyan, a prétendu que la discussion entre les généraux révélait que les Allemands projeter d’opérer des tirs de missile sur les troupes russes en Ukraine. En réalité, ils parlaient de la livraison de missiles allemands Taurus aux Ukrainiens et de leurs effets sur le camp adverse.

Le chancelier allemand, Olaf Sholz a considéré l’affaire comme « particulièrement sérieuse » et a annoncé « qu’elle faisait désormais l’objet d’une investigation très minutieuse, intense et rapide. »

Le gouvernement russe a profité de cette annonce pour attaquer directement les Allemands. Dimitri Medvedev, le chef du Conseil de sécurité russe a déclaré sur le réseau social Telegram que « nos rivaux de toujours – les Allemands – s’étaient de nouveau convertis en ennemis jurés – de la Russie. Regardez avec quelle précision [les Allemands] discutent du bombardement de notre territoire avec des missiles à longue portée, choisissent des cibles et la manière d’infliger le maximum de dégâts à notre mère patrie et à notre peuple » a-t-il affirmé.

Des heurts navals entre marines chinoise et philippine

La Mer de Chine méridionale commence à chauffer. La République populaire revendique la totalité des îlots dans cette mer, malgré leur grand éloignement de la côte chinoise et leur proximité aux Philippines et au Vietnam. Les heurts se déroulent au canon à eau, mais les escalades sont souvent lentes, et atteignent le stade irreversible quelques années, quelques mois, plus tard.
À suivre.

Grande-Bretagne : des traités post-Brexit ambitieux

Alors que les résultats tant promis du Brexit se font encore attendre, le gouvernement britannique tente tant bien que mal de signer des accords de libre-échange avec ses partenaires internationaux. Mais ce n’est pas une mince affaire.

« Nous allons faire grandir l’économie » (« we will grow the economy ») a promis Rishi Sunak à son arrivée au poste de Premier ministre en octobre 2022. Quels sont donc les résultats un an et demi plus tard ? Eh bien, l’inflation est passée de 11% en 2023 à 4% au second trimestre de cette année, ce qui représente un progrès non-négligeable pour le Premier ministre Rishi Sunak et son chancelier Jeremy Hunt.

Le plein emploi est par ailleurs toujours assuré, contrairement à bien d’autres pays européens, à commencer par la France.

En revanche, les traités de libre-échange, en négociation ou en renégociation depuis 2020, prennent plus de temps à aboutir, sans grande surprise à vrai dire.

En Inde, Modi joue la montre

Un des grands espoirs de traité de libre-échange, c’est celui avec l’Inde. Un traité signé avec cette puissance économique de 1,4 milliards d’habitants permettrait sans aucun doute d’accroître de manière non-négligeable les échanges économiques entre les deux pays.

Mais Narendra Modi pose des conditions difficiles à accepter pour les Tories. Il s’agit en particulier l’augmentation du nombre de visas pour les travailleurs indiens et une meilleure protection sociale. Le problème est que les conservateurs souhaitent à tout prix faire baisser les chiffres de l’immigration légale, qui a atteint le chiffre de 672 000 personnes en juin 2023 et certainement plus d’un million en décembre 2023 – il s’agit d’une projection, les chiffres officiels ne sont pas encore publiés par le Home Office.

Le gouvernement britannique, qui vient d’envoyer une équipe de hauts-fonctionnaires pour négocier une nouvelle fois l’accord de libre-échange avec les Indiens, soupçonne Narendra Modi de jouer la montre. En se montrant inflexible sur la question migratoire, il fait ralentir les négociations et ainsi, met davantage de pression sur Rishi Sunak, à l’approche des élections législatives de Grande-Bretagne, qui pourraient intervenir ou en mai, ou à l’automne.

Par ailleurs, les élections indiennes doivent se tenir d’ici les mois d’avril et de mai. Dès que la campagne officielle sera lancée en Inde, les négociations pour le contrat de libre-échange devront s’interrompre et seront repoussées à l’été.

Narendra Modi espère aussi que si le Labour remporte les prochaines législatives de cette année, il puisse plus facilement imposer ses conditions sur l’immigration à la Grande-Bretagne.

Quatre espoirs de traités pour 2024

Quatre traités de libre-échange sont en négociation à l’heure actuelle, selon le gouvernement britannique, avec la Corée du Sud, la Suisse, Israël et la Conseil de coopération du Golfe (CCG).

La secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Kemi Badenoch, a d’ores et déjà confirmé qu’elle était plus optimiste pour la signature d’un accord avec le CCG qu’avec l’Inde d’ici les prochains mois.

La semaine dernière, la ministre a d’ailleurs reçu les ministres au commerce extérieur des six pays de la CCG : le Bahreïn, le Koweit, Oman, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis (EAU).

 

« Stand with Ukraine » : l’ambassade des États-Unis à Paris marque les deux ans de la guerre russe contre l’Ukraine, ce 22 février 2024

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sculpture de Mikhail Reva

Pour marquer la solidarité des États-Unis envers l’Ukraine, l’ambassade américaine à Paris a organisé ce 21 février dernier une soirée binationale dans une annexe privatisable de ses locaux, l’Hôtel Talleyrand sur la place de la Concorde. Denise Campbell Bauer, ambassadrice des États-Unis à Paris, et S.E. Vadym Olmochenko, ambassadeur d’Ukraine en France, ont conjointement présidé la cérémonie de commémoration des deux de solidarité américaine avec l’Ukraine.

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S.E. Denise Campbell Bauer

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S.E. Vadym Omelchenko

De nombreux ambassadeurs de pays alliés, notamment du Royaume-Uni, d’Australie, de Pologne, pour nommer ceux que j’ai pu identifier. Le ministre délégué des affaires européennes,  Jean-Noël Barrot, qui a rappelé que la sécurité de la France était également en jeu. En coulisse, des diplomates ukrainiens ne cachaient pas l’heureuse surprise de l’accord de partenariat stratégique récemment signé entre Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à l’Elysée. En somme, solidarité américaine et française avec l’Ukraine.
Un discours de l’ambassadrice américaine auprès de l’Unesco, nous rappelait les efforts de son ambassade dans la restauration de l’art ukrainien, et les efforts de conservation du patrimoine culturel ukrainien, que DD détaillera éventuellement dans un futur post.

En matière de culture, une exposition de photos prises par Chantal Mistral-Bernard, qui travaille à l’ambassade mais s’est lancée dans un reportage photographique sur le front ukrainien, était à signaller. Portraits de soldats, au plus près de la ligne des combats.

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Chantal Mistral-Bernard, photographe

Côté sculpture, les œuvres de Mikhail Reva, qui transforme les éclats d’obus et les douilles de cartouches en statues.  ###

Cachemire : à Paris, l’ambassadeur du Pakistan tire la sonnette d’alarme

Un vent d’inquiétude et de colère soufflait chez les représentants de la communauté pakistanaise dimanche soir, à la veille du Cachemire Solidarity Day, quatre ans après l’abrogation de l’article 370 de la constitution indienne par le parlement indien, le 6 août 2019.

À l’occasion du Kashmir Solidarity Day, une réunion publique s’est tenue à l’ambassade du Pakistan à Paris dimanche soir, où l’ambassadeur et les représentants de la communauté pakistanaise ont dénoncé la suppression de l’autonomie du Cachemire par l’Inde.

Un vent d’inquiétude et de colère soufflait chez les représentants de la communauté pakistanaise dimanche soir, à la veille du Cachemire Solidarity Day, quatre ans après l’abrogation de l’article 370 de la constitution indienne par le parlement indien, le 6 août 2019.

L’article 370, qui garantissait l’autonomie du Jammu-et-Cachemire, avait permis d’apaiser un peu les tensions entre le Pakistan et l’Inde jusqu’à maintenant. Mais la décision unilatérale de l’Inde en 2019, approuvé par la Cour suprême indienne le 23 décembre 2023, risque de raviver les tensions entre les deux puissances régionales.

En 1990, le Pakistan a instauré le Kashmir Solidarity Day, le 5 févier, à l’occasion duquel ils se mobilisent pour l’auto-détermination du Jammu-et-Cachemire.

L’éternelle dispute

Le Jammu-et-Cachemire, peuplé de 15,6 millions d’habitants et majoritairement musulman (68%), est divisé en deux territoires ethniquement distincts. La vallée et du Cachemire est aujourd’hui musulmane à plus de 95%, tandis que le Jammu comprend 66% d’hindous, des musulmans et des bouddhistes. Ce territoire est incorporé dans l’Inde depuis la fin de la guerre du Cachemire de 1947, tandis que la région du Gilgit-et-Baltistan, au nord, est toujours administrée par le Pakistan. Le Cachemire est donc lui-même partitionné.

Disputé par les deux pays depuis leur prise d’indépendance de l’Empire britannique en 1947, la question de l’administration de la région Cachemire a fait l’objet de deux conflits armés très violents en 1947 et 1999.

« Le droit à l’autodétermination »

La revendication majeure du gouvernement pakistanais est de permettre aux habitants du Jammu-et-Cachemire d’être les maîtres de leur propre destin, via un référendum d’autodétermination recommandé par les Nations unies en 1947. Dans son discours de conclusion du séminaire, l’ambassadeur du Pakistan à Paris, Asim Iftikhar Ahmad a insisté sur ce point : « Nous demeurons fermes dans notre objectif de parvenir à une solution pacifique. Il est crucial que nous obtenions la paix et la stabilité dans notre région » a-t-il débuté. Pour cela, une seule solution est envisageable, « le droit à l’autodétermination du peuple du Cachemire », c’est-à-dire que les habitants puissent décider unilatéralement s’ils souhaitent ou non devenir indiens ou pakistanais. L’on referait le système de la partition de 1947, en plein 21e siècle !

Depuis l’instauration par le gouvernement fédéral d’une administration directe sur le Jammu-et-Cachemire, les Pakistanais dénoncent encore davantage de violations des droits de l’homme, en particulier l’emprisonnement des hommes politiques, la suppression des droits à la liberté de la presse et à la liberté d’expression. Toutefois, la Cour suprême a recommandé dans son arrêt que des élections puissent se tenir d’ici septembre 2024, ce dont on peut douter.

Les comparaisons avec la persécution des habitants des Palestiniens furent nombreuses durant les interventions. Tout comme à Gaza et en Cisjordanie, les populations musulmanes du Cachemire sont persécutées par un État voisin hostile et plus puissant : l’Inde en l’occurrence, qui viole unilatéralement les conventions internationales et les résolutions de l’ONU, en toute impunité, selon cette thèse.

Faire respecter le droit international

L’autre revendication majeure du Pakistan est de faire en sorte que l’Inde respecte les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU. « Les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sont claires depuis le départ : permettre l’auto-détermination des habitants du Cachemire. D’ailleurs, c’est l’Inde elle-même qui a porté cette question auprès de Conseil de Sécurité de l’ONU en 1947 a regretté l’ambassadeur du Pakistan. Aussi bien l’Inde que le Pakistan se sont ensuite engagés à mettre en œuvre ces résolutions. Mais les Indiens sont revenus sur leurs promesses : c’est là qu’est le cœur du problème ! »

Asim Iftikhar Ahmad a tout de même conclu sur une note positive, en soulignant que le Pakistan est « du bon côté de l’histoire, celui du droit international et que les principes ne changeront pas, bien qu’ils soient violés par l’une des parties. »

Désormais, tout l’enjeu est de savoir si l’Inde accordera ou non le droit aux habitants du Jammu-et-Cachemire de tenir des élections libres en septembre, comme exigé par la Cour suprême dans son arrêt du 23 décembre.

L’ambassadeur du Pakistan a également adressé un courrier aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale français à ce sujet.