La Biélorussie : une menace pour l’Europe

A l’occasion d’une conférence organisée par le European Council On Foreign Relations, à l’ambassade de Lituanie, des membres de l’opposition biélorusse à l’étranger ont rappelé le rôle central et déstabilisateur du régime biélorusse en Europe. Décalage diplo était présent.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Biélorussie, voisine de la Russie, de l’Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie, est la base arrière des troupes russes. Médicaments, armes, camps d’entraînement au début de la guerre, la Biélorussie a représenté un élément clé dans les premiers mois de la guerre en Ukraine.

Le président biélorusse, Alexandre Lukachenko, sous forte influence de Vladimir Poutine, a fait preuve d’une docilité sans faille au début du conflit, du moins jusqu’en octobre 2022, date à laquelle les Russes ont tiré leur dernier missile sur l’Ukraine.

Depuis cette date, il souhaite une implication moindre dans les affaires russes, mais continue à collaborer, sans en avoir vraiment le choix. Lukachenko est installé depuis 1994 et tient le pays d’une main de fer. Il a d’ailleurs annoncé fin avril, à l’occasion du All-Belarussian People’s Assembly (ABPA), qu’il tiendrait des élections d’ici à 2025, si le peuple le demandait.

Une opposition persécutée

Lukachenko est toujours bien accroché au pouvoir et permet à Vladimir Poutine de maintenir son influence en Europe centrale. Une opposition minoritaire et persécutée tente toutefois de contester sa domination depuis l’étranger.

Son principal leader s’appelle Sviatlana Tsikhanouskaya, réfugiée hors de Biélorussie et dont le mari, le youtubeur et activiste pro-démocratie, Sergueï Tikhanovski, est en prison en Biélorussie depuis 2020, pour avoir annoncé son intention de se présenter aux élections présidentielles biélorusses.

Dans une vidéo de cinq minutes, diffusée au début de la conférence,  elle a dénoncé la dureté du régime en place et la difficulté croissante pour les Biélorusses à l’étranger d’obtenir des papiers, qui à l’heure actuelle ne peuvent être délivrés qu’en Biélorussie et non-pas dans un consulat ou une ambassade. L’opposition appelle urgemment la Communauté internationale à agir. Certains de ses membres accusent d’ailleurs cette dernière de ne pas prendre sérieusement la menace biélorusse.

Une question biélorusse mal comprise

L’ambassadeur de la Lituanie à l’UE, Arnoldas Pranckevicus a souligné le manque de stratégie des Etats européens face à la menace biélorusse. « Trop longtemps, la Biélorussie a été considérée comme un problème régional et non pas européen.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’on commence à réaliser que cette approche était erronée » a souligné Arnoldas Pranckevicus. Il a rappelé les principales actions menées aujourd’hui par la Lituanie pour diminuer l’influence biélorusse : le blocage de l’entrée de produits biélorusses, souvent issus de Russie, à la frontière lituanienne.

Une fois les biens entrés en Lituanie, ils sont dans le marché commun de l’UE et peuvent ainsi circuler d’un Etat à l’autre sans aucun contrôle. Depuis le début de la guerre en Ukraine l’on estime que 130 millions d’euros de marchandises auraient transité par la frontière lituanienne vers la Russie.

Mais les chiffres dans le sens inverse donnent le vertige. Selon les données de la Commission européenne, en 2022, c’est presque 1.2 milliard d’euros de biens, en particulier des céréales et des hydrocarbures, qui sont ont traversé les frontières des Etats baltes de Russie ou de Biélorussie. Preuve, s’il en est, que les sanctions de l’UE contre la Russie ont échoué jusqu’à aujourd’hui.

Faire tomber le régime biélorusse

C’est sans surprises l’appel des représentants de l’opposition biélorusse, dont une des voix éminentes est Vytis Jurkonis, président du Freedom House Office à Vilnius et professeur associé à l’Université de Vilnius. « Le régime est le problème a-t-il insisté. C’est contre celui-ci que nos efforts doivent être concentrés« .

Bien qu’il ne soit ni de nationalité, ni d’ascendance biélorusse, Vytis Jurkonis est aujourd’hui un des principaux porte-voix des opposants à Loukachenko.

Aujourd’hui, la diaspora biélorusse est présente par milliers dans plusieurs pays d’Europe centrale et de la Baltique, dont la Pologne, la Lituanie, où ils sont environ 6 000, ou encore la République tchèque.

L’Arménie remercie les troupes russes stationnées à l’aéroport international de Erevan

L’Arménie s’éloigne encore un peu plus de la Russie, après qu’elle a annoncé ce jeudi qu’elle n’avait plus besoin des gardes-frontières russes, déployés à l’aéroport international de sa capitale Erevan depuis trente-deux ans.

Nikol Pachinian rencontre Vladimir Poutine en Russie, en avril 2022.

En vertu d’un accord entre Erevan et Moscou, signé en 1992, la Russie était chargée du contrôle des frontières à l’aéroport de Zvartnots, mais aussi avec les frontières turques et iraniennes.

A l’époque, l’Arménie devenue indépendante avec la désagrégation de l’URSS en 1991, ne disposait pas de ses propres gardes-frontières.

Mais, selon le ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzoïan, « l’Arménie a désormais les capacités institutionnelles nécessaires pour assurer le contrôle des frontières » à l’aéroport.

« Nous avons informé la Russie que (son) aide n’était plus nécessaire pour effectuer le contrôle des frontières à l’aéroport de Zvartnots », a-t-il indiqué jeudi.

Cette décision ne concerne toutefois pas les gardes-frontières russes positionnés à des postes frontaliers.

Des relations arméniennes et russes dégradées

Fin février, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait annoncé que son pays gelait « en pratique » sa participation à une alliance militaire avec la Russie, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Depuis la reprise militaire par l’Azerbaïdjan de l’enclave séparatiste du Haut-Karabakh, en septembre 2023, les relations entre l’Arménie et la Russie se sont fragilisées. L’absence de réaction des troupes russes à l’invasion azerbaïdjanaise a provoqué le mécontentement tout particulier du gouvernement arménien.

Déjà en novembre 2023, l’Arménie avait boycotté un sommet de l’alliance en novembre, estimant que « les actions de l’OTSC [n’étaient] pas alignées avec les intérêts de l’Arménie ».

Depuis quelques mois, l’Arménie a accéléré son rapprochement avec des partenaires occidentaux, les États-Unis et la France en tête.

Par ailleurs, l’adhésion de l’Arménie à la Cour pénale internationale a attisé les tensions avec Moscou, Erevan étant désormais tenu d’arrêter le président russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt, s’il venait à se rendre dans le pays.