Mise en avant

Qui sommes nous ?

Décalage Diplo est un blog privé qui relève les petits mouvements diplomatiques qui échappent souvent au regard. Fêtes nationales, discours, mini sommets, déclarations, rencontres. C’est l’actualité décalée.

Animé par son co-fondateur Harold Hyman, journaliste spécialisé en questions internationales, et par Maximilien Nagy, jeune journaliste et tudiant en histoire contemporaine.

Accompagnez-nous dans cette entreprise en nous lisant et en nous suivant sur X Harold Tribune.

Les améliorations techniques viendront à DD dans les semaines à venir. Merci pour votre lecture.

Contactez nous à l’adresse mail suivante : decalagediplo@etik.com

Israël déterminé à éliminer le Hamas

Israël éliminera le groupe terroriste du Hamas quel qu’en soit le prix. C’est en tout cas ce qu’affirment des sources haut placées de la diplomatie israélienne.

La pression internationale s’accroît en permanence sur l’État d’Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza et négocier avec le Hamas.

Le dernier pays en date à avoir demandé à l’Etat hébreux d’interrompre le conflit est le Royaume-Uni.

Ce lundi, le nouveau gouvernement travailliste de Sir Keir Starmer a annoncé son intention d’interrompre une trentaine de contrats d’armement entre le Royaume-Uni et Israël, en signe de contestation du conflit à Gaza.

Face à cette réaction, la réaction de la diplomatie israélienne est sévère : il s’agit d’une grave erreur qui fissure l’unité des alliés autour d’Israël et  alimente la politique du Hamas.

Leviers de pression

Les objectifs du groupe terroriste sont bien déterminés : faire en sorte qu’Israël interrompe les combats sous la pression internationale et ainsi permettre au groupe terroriste de survivre à Gaza.

Pour cela, le Hamas possède un levier en plus de la souffrance de la population palestinienne, les otages, qu’elle exécute d’une semaine sur l’autre. Le coup de com’ est systématiquement une réussite : la population israélienne, saisie d’effroi, est de plus en plus nombreuse à demander au gouvernement l’interruption des combats et la recherche d’une paix.

Mais la diplomatie israélienne est catégorique : pas question de signer une paix avec le Hamas, qui a pour seul objectif de mettre fin à l’Etat d’Israël.

Pour obtenir une paix, il faut d’abord éliminer le groupe terroriste, quel qu’en soit le prix. Autrement dit, Israël doit obligatoirement gagner le conflit contre le Hamas.

Malgré les annonces régulières du Hamas sur ce sujet, aucune perspective de paix ne semble poindre à l’horizon.

Quelles conditions de paix ?

Trois objectifs sont dressés par Israël pour l’après-conflit à Gaza :  l’élimination totale du Hamas ; qu’Israël ne soit pas en charge de la gouvernance de Gaza ; enfin, que l’État hébreux puisse maintenir la responsabilité de sa sécurité en-dehors de Gaza.

Mais il faut que le premier objectif soit accompli pour que les deux autres puissent être mise en oeuvre. Or, l’élimination du Hamas prend du temps, bien qu’il ne reste plus que 2 000 à 3 000 hommes du groupe terroriste selon nos sources. Au total, 17 000 membres du Hamas auraient été tués par Tsahal.

D’autre obstacles à la paix, historiques cette fois-ci sont à rappeler, en en particulier l’échec des six projets d’accord de paix entre la Palestine et Israël depuis les accords d’Oslo.

L’Iran : barrière à la paix régionale

La diplomatie israélienne est formelle : l’Iran n’était pas au courant du projet du 7 octobre et n’y a aucunement participé.

Depuis l’attaque massive de drones et de missiles des 13 et 14 avril, la question iranienne est une priorité absolue et la menace demeure très élevée.

Pour autant, les diplomates israéliens ne croient pas à la possibilité d’un conflit ouvert initié par l’Iran, qui serait particulièrement isolée dans ce contexte.

Une illustration de l’isolement régional de l’Iran fut  l’attaque du 13 avril, où les Britanniques, les Américains, les Français et les Jordaniens ont contribué sans hésiter à abattre les drones et les missiles iraniens à destination d’Israël.

Le Hezbollah libanais demeure de son côté très menaçant au nord du pays et la pression au sein de la population israélienne pour l’éliminer a crû ces derniers mois.

Pour autant, nos sources sont formelles : anéantir le Hezbollah au Liban ne changera pas fondamentalement la situation régionale instable, qui est causée principalement par le régime des Mollahs.

L’objectif assumé de ces derniers est d’éliminer Israël. Pour atteindre cet objectif, le régime iranien mettra tous les moyens en oeuvre pour reconstruire sa milice même si elle était très affaiblie par l’État hébreux.

La France et la Serbie: un rapprochement hâtif, mais méritoire

Une lettre ouverte à la nation à laquelle il se rend, voilà la manière plutôt exceptionnelle qu’a employé Emmanuel Macron pour tendre la main au peuple serbe, comme on dit dans le langage diplomatique public.

Le but diplomatique: rapprocher la République de Serbie de l’UE. Pour cela, la poursuite de l’ouverture vers l’autre Europe, particulièrement balkanique, menée par Emmanuel Macron dès les débuts de sa première  présidence. Une constance, voire un acharnement, que n’ont manifesté aucun autre chef d’État européen et certainement pas le président américain qui ne descend pas à ce niveau de détail concernant l’Europe ni même d’autres pays comme ceux d’Amérique centrale (dont le soin fut confié à Kamala Harris).
Un partenariat stratégique renouvelé, car ce statut existait depuis 2011 entre Paris et Belgrade. La vente de Rafales se fait  selon l’aveu de l’Élysée de sevrer la dépendance de la Serbie sur la Russie. Citons la lettre ouverte de Macron:

Alors que la guerre a, une nouvelle fois, resurgi sur notre continent, à l’initiative de la Russie qui poursuit en Ukraine un dessein brutal de conquête, l’idée que la Serbie puisse chercher sa voie dans un perpétuel jeu d’équilibre entre des puissances qui ne verront en elle qu’un pion à sacrifier sur l’échiquier, est une illusion : c’est seulement au sein d’une Union d’Etats souverains partageant la même vision de leur avenir que la Serbie pourra rester la Serbie.

Toujours les arguments incatatoires: « vous êtes sur le bon chemin, je sais ce que vous avez voulu faire encore mieux que vous-même. Malheureusement cette méthode marche mal. Eventuellement la Serbie de Vucic est-elle prête pour en faire quelque chose de positif. Si tel est le cas, ce ne sera pas particulièrement à cause des incantations d’ Emmanuel Macron. Les Rafales aideront beaucoup, mais là aussi la vente de Mistral à la Russie ne devait-elle pas ramener le Kremlin sur le droit chemin? Cette logique est sujette à caution, mais ne présumons pas le pire.
Le dossier du Kosovo se complique, car le président serbe Vucic ne cesse de couvrir les municipalités ethniquement serbes dans la partie nord-ouest du Kosovo, et Paris voudrait que le gouvernement kosovar d’Albin  Kurti, patriote kosovar de gauche, leur aménage un régime spécial. Ce dernier rechigne, tensions entre Paris et Pristina pour quasiment la première fois. L’Élysée s’introduit  dans les turbulences balkaniques.
Enfin sachons que l’UE va signer un accord pour participer à l’extraction du LITHIUM serbe avec Belgrade. Ce n’est pas un projet des plus environnementaux, mais n’empêche, Ce minerai est crucial dans la transition vers une économie plus verte.

L’Elysée a estimé que l’exploitation de cette mine était « un choix qu’il revient à la Serbie de faire », tout en proposant de partager son « expertise » en la matière. La compagnie aux manettes est le célèbre Rio Tinto. ###

E. Macron a enfin reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Rabat se réjouit, Alger fulmine

Les relations entre la République française et le Royaume du Maroc vont s’améliorer. Plusieurs années après l’acceptation claire par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur ce territoire ex-espagnol de 105 km2 à la fin 2020.
Paris et Rabat ont donc échangé des communiqués coordonnés ce 31 juillet.
En voici un extrait important:
À la faveur de l’évolution significative de la position française et de Votre détermination à agir en conséquence aux niveaux interne et international, Nos deux pays pourront travailler conjointement afin de parvenir à une solution qui, dans le cadre des Nations Unies, respecte pleinement la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
… grâce à la dynamique positive que connaissent Nos relations bilatérales, des perspectives prometteuses s’ouvrent à Nos deux pays dans de nombreux secteurs stratégiques, permettant de renforcer le partenariat d’exception bâti, des décennies durant, sur l’amitié et la confiance.

A ce titre, et comme cela avait été évoqué lors de Nos précédents échanges, Je serai heureux de Vous recevoir au Maroc dans le cadre d’une Visite d’Etat dont les dates seront arrêtées par la voie diplomatique.

 La lettre du président de la République ne figure pas sur les sites officiels, mais a été officiellement, et partiellement seulement,  communiquée à la presse diplomatique française le 30 juillet.
« La France, en particulier, continuera à ancrer la sincérité de son amitié pour le Maroc et l’efficacité de son partenariat avec lui dans une position claire et forte sur les questions les plus essentielles pour Votre Majesté et les Marocains. A ce titre, je considère que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. Aussi, je Vous affirme l’intangibilité de la position française sur cet enjeu de sécurité nationale pour Votre Royaume. La France entend agir en cohérence avec cette position à titre national et au niveau international.
Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. Pour la France, celui-ci constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Au demeurant, la poursuite du développement économique et social de cette région est un impératif. Je salue tous les efforts faits par le Maroc à cet égard. La France l’accompagnera dans cette démarche au bénéfice des populations locales. »

On peut relever dans la lettre française une caractéristique particulère de notre diplomatie: justifier nos actes diplomatiques par le droit international. C’est méritoire, mais aussi quelque peu pragmatique. L’Espagne, dernier appui occidental à l’indépendantisme du Sahara Occidental représenté essentiellement par le Polisario, avait reconnu la souveraineté marocaine peu après le geste de Donald Trump.
Cette reconnaissance française marque le début  d’un rapprochement entre Paris et d’une possible glaciation entre Paris et Alger. En effet l’ambassadeur algérien a été rappelé dès le 30 juillet de Paris. Ni Madrid ni Washington n’ont subi une telle rétribution.

Si Donald Trump tentait de défaire OTAN: que faire? Le Quai d’Orsay s’est posé la question

À l’occasion du Sommet de l’OTAN début juillet, la question d’une désaffection américaine pour l’OTAN est discrètement posée. Des discussions embryonnaires existent, la France pousse à la prise de conscience,  c’est une question très difficile pour les Allemands, longtemps dans le déni de ce problème. Fr est la principale nation « contributrice réelle » à l’OTAN après les États-Unis, et en plus nous autres Français sommes sereins car avons notre arme nucléaire propre.
Paris voudraient que partenaires augmentent leurs efforts militaires.
Toujours est-il qu’en vertu d’une loi nouvelle sur l’OTAN, voulue par Biden, toute sortie des États-Unis de l’OTAN serait conditionnée par le Sénat qui devrait doit l’accepter  aux 2/3 ce qui est très improbale,.
Mais Washington sous Trump pourraient ramollir l’Article 5.
La France fait donc du Contigency Planning.
Les Républicains autour de Trump, c’est-à-dire le America First Policy Institute, où travaille l’influent Général retraité Keith Kellogg (qui a reçu des diplomates français), à  la Heritage Fondation  , et la Hudson Foundation  — tous sont favorable au maintien des États-Unis dans l’OTAN.

Une Fête de l’Indépendance des États-Unis à Paris: simple mais efficace

 

Le 4 juillet, Fête de l’Indépendance des États-Unis, est généralement marquée quelques jours avant à l’ambassade (ou plus exactement la résidence qui s’y trouve attachée) américaine de Paris. Les thématiques sont souvent extraordinaires, comme en 2019, année marquant la déambulation lunaire d’Apollo 11, un son et lumière et des acteurs en scaphandres spatiaux faisant des acrobaties sur la pelouse!

En ce 2 juillet 2024, ambiance sobre, le minimum dans les déroulement d’un spectacle — en vérité, pas de spectacle hormis la garde d’honneur, mais même le minimum est solennel et impressionnant. Des chanteurs de jazz tout à fait respectable, mêlant classiques français et américains des années 30 et 40. Discours de l’ambassadrice Denise Campbell Bauer, protocolaire mais toujours lié à la dette historique des Révolutionnaires américains envers Rochambeau, Lafayette, de Grasse. Un descendant de Rochambeau, Jérôme Danard, de l’association pour l’amitié franco-américaine (www.france-etatsunis.org), était de la partie.
À remarquer cette année l’absence totale de notabilités françaises. Je n’ai pas remarqué le moindre député, ni ambassadeur, quelques conseillers élyséens. Dans les années antérieures, des ministres en exercice venaient, et étaient même invités à s’exprimer à la suite de l’ambassadeur, ce fut le cas de Manuel Valls il y a une douzaine d’années, qui dénonça cordialement mais explicitement l’espionnage mené par les services américains, y compris sous l’impulsion de Hillary Clinton sécrétaire d’État, contre les négociateurs français des accords commericaux. L’ambassadeur ne pouvait évidemment pas répliquer, et pourtant la fête se poursuivit avec gaité sous un soleil radieux et maints mini-hamburgers et autres petits-fours.

Jeep de la Deuxième Guerre Mondiale. (c) DD

Une exposition dans les locaux de la Résidence (attachée à l’ambassade), sur le Débarquement de Normandie, deux jeeps et une moto d’époque, toujours pour rappeler les liens construits au cours des deux Guerres mondiales. En 2017, l’ambassade exhiba une ambulance américaine — l’on sait que des unités d’ambulanciers et de pilotes se battaient en France avant même l’entrée en guerre des États-Unis. Les gouvernements ont parfois des retards sur les sentiments des citoyens.