Mise en avant

Qui sommes nous ?

Décalage Diplo est un blog privé qui relève les petits mouvements diplomatiques qui échappent souvent au regard. Fêtes nationales, discours, mini sommets, déclarations, rencontres. C’est l’actualité décalée.

Animé par son co-fondateur Harold Hyman, journaliste spécialisé en questions internationales, et par Maximilien Nagy, jeune journaliste et tudiant en histoire contemporaine.

Accompagnez-nous dans cette entreprise en nous lisant et en nous suivant sur X Harold Tribune.

Les améliorations techniques viendront à DD dans les semaines à venir. Merci pour votre lecture.

Appel entre Sébatien Lecornu et son homologue israélien Yoav Gallant

Voici le communiqué du ministère de la Défense à la suite de l’entretien entre le ministre des Armées, Sébastien Lecornu et son homologue israélien, Yoav Gallant, cinq jours après l’attaque de l’Iran contre Israël.

« Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, s’est entretenu au téléphone avec Yoav Gallant, ministre de la défense de l’État d’Israël, ce jeudi 18 avril 2024.

Il a réitéré la condamnation par la France de l’attaque menée par l’Iran contre Israël et notre préoccupation face à la déstabilisation et au défi de sécurité posés par l’Iran et ses proxys dans la région. Il a réaffirmé l’engagement de la France pour la sécurité de l’État d’Israël.

Le ministre des Armées a souligné que l’escalade des tensions n’était dans l’intérêt de personne au Moyen-Orient et exprimé la détermination de la France à utiliser tous les leviers pour contribuer à la désescalade dans la région, notamment par l’intermédiaire de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), au sein de laquelle la France déploie un contingent, et de l’opération de l’Union européenne ASPIDES pour la sûreté maritime et la liberté de navigation en mer Rouge.

Le ministre des Armées a enfin rappelé que la France appelait à un cessez-le-feu immédiat face à l’urgence humanitaire absolue à Gaza. »

Le ministère des Armées souhaite accroître massivement sa réserve

D’après des sources bien informées, l’armée souhaite faire passer son nombre de réservistes opérationnels à 80 000 d’ici les prochaines années. Ceci permettra à l’armée d’active de remonter en volume en cas de conflit.

Pour faire face à cet objectif, le Ministère des Armées compte développer davantage les conventions de partenariat avec les entreprises françaises, pour permettre au plus grand nombre de leurs salariés de servir dans la réserve militaire. Depuis la création de la Garde nationale en 2016, mille partenariats sont signés entre l’armée et des entreprises.

Une nouvelle convention  vient d’être signée par exemple entre Renault et le ministère des Armées. Celle-ci permet à ses salariés de servir dans la réserve pour une durée de 15 jours, tout en étant payés par leur entreprise. La rémunération des salariés dans ce cadre est considéré comme une activité de mécénat, qui accorde une réduction fiscale de 60% sur le salaire de l’employé.

Aujourd’hui, les nombre de réservistes dans l’armée est de 43 000, dont 20% sert dans la mission sentinelle. L’âge moyen des réservistes est de 39 ans.

Mettre fin à la « réserve clandestine »

Avec ces nouvelles mesures, le ministère des Armées souhaite avant tout mettre fin au phénomène du « réserviste clandestin », qui aurait peur de signaler à son employeur qu’il travaille dans la réserve militaire.

L’objectif est de convaincre les entreprises de l’intérêt que la réserve peut représenter pour elles, notamment grâce à la formation technique et humaine que leurs employés reçoivent pendant leurs périodes de réserve.

L’intérêt financier de l’engagement dans la réserve demeure relativement faible : 50€ par jour pour un soldat du rang et jusqu’à 130€ pour un colonel.

Pour autant, on peut souligner un avantage : la défiscalisation intégrale de ces sommes. Par ailleurs, l’engagement pour le principe de servir est bien souvent supérieur à la recherche d’avantages financiers.

William O’Neill alerte sur la situation dramatique à Haïti

En visite à l’Association de la presse diplomatique, l’émissaire de l’ONU à Haïti, William O’Neill a alerté sur la situation dramatique du pays, miné par des gangs ultra-violents.

Rien ne va plus à Haïti ! Depuis plusieurs mois, les gangs ont pris le dessus à la capitale Port-au-Prince, dont ils contrôlent tous les accès, de même que l’aéroport. Le 11 mars, le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, a annoncé sa démission depuis Porte Rico où il réside toujours, selon nos dernières informations.

« Aujourd’hui, environ 1,5 million d’habitants sont au bord de la famine » alerte William O’Neill, qui décrit une situation non seulement grave, mais hors de contrôle.

Avec leurs 2 000 hommes environ (un chiffre très évolutif), trois gangs dépourvus d’idéologie, mais avides de pouvoir et d’argent contrôlent la capitale haïtienne ainsi que la côte : impossible d’affréter de l’aide humanitaire à Haïti ou une mission de rétablissement de la paix.

Des troupes kényanes de la MINUSTAH devaient atterrir à Port-au-Prince  au mois de mars, mais rien ne s’est produit à cause du blocage de l’aéroport et d’un arrêt de la Haute Cour du Kenya, qui a exigé un accord réciproque de Haïti qui n’est pas d’actualité, tant qu’un gouvernement stable ne sera pas en place.

« Les haïtiens détestent les gangs et souhaiteraient ardemment qu’une opération militaire soit déclenchée contre les gangs, mais pour l’instant, personne ne souhaite intervenir » a rappelé l’émissaire. Mais encore faudrait-il qu’il y ait une force pour déloger ces gangs, qui recrutent aujourd’hui des garçons de 15 ans pour combattre.

Un état fantomatique

Le désordre considérable qui règne à Haïti depuis plusieurs mois révèle l’absence complète de toute structure étatique viable. Il reste encore quelque 9 000 à 10 000 policiers et un millier de militaires, qui croient en l’Etat selon William O’Neill, mais ils sont aujourd’hui très impuissants face aux gangs bien armés et financés par le trafic de drogue et dont les effectifs ne sont pourtant que de 2 000 hommes au maximum.

« A titre de comparaison précise l’émissaire onusien, la ville de New-York possède 37 000 policiers pour un territoire plus restreint et une moins grande population. » Pour une île de 27 750 km² seulement, Haïti est peuplée de 11 millions d’habitants.

Les armes utilisées par les gangs viennent essentiellement de Floride et sont transportées sur des embarcations de petite taille, qui ne sont contrôlées par aucun Etat. « Pourtant, ce serait assez facile » a regretté l’émissaire. Récemment, la douane haïtienne a réussi à arrêter un bateau rempli d’armes sur ses côtes, alors qu’elle possède peu de moyens. Des Etats plus puissants pourraient facilement accroître leurs contrôles sur les navires à destination de Haïti.

Un conseil présidentiel, composé de neuf membres, est chargé de désigner un président. Mais il est difficile à ses membres de se réunir, du fait de la situation sécuritaire fragile. Par ailleurs, leurs réunions précédentes n’ont pas abouti à des résultats très concluants. Des réunions en visioconférence sont envisagées dans les prochaines semaines.

à qui la faute ?

La question de la responsabilité de la situation sur place est sensible et William O’Neill y a répondu sans détours.

D’abord, il a fait remarquer que l’instabilité endémique de Haïti remonte à sa prise d’indépendance, en 1825. Lorsque la France a quitté Haïti à la suite de la révolution qui s’est déroulée de 1791 à 1804, elle a exigé une forte rançon, que l’île a dû payer des décennies durant. Le nouveau gouvernement haïtien, très pauvre dès le départ, devait aussi de l’argent aux Etats-Unis et à l’Allemagne.

Ensuite, les gouvernants successifs sont très directement responsables de la situation sur place, à cause de leur mise en œuvre d’une corruption « systématique » au sein du pays.

L’émissaire a enfin souligné le rôle controversé des Etats-Unis, qui a occupé l’île de 1915 à 1934 et n’a pas véritablement arrangé la situation. Aujourd’hui, Joe Biden n’est pas prêt à se mêler d’un dossier aussi sensible à sept mois des élections présidentielles.

Par ailleurs, William O’Neill a rappelé le rôle très important de l’Etat français au XXe siècle pour la consolidation de l’Etat haïtien. Ce sont des gendarmes français qui ont formé la police haïtienne et des magistrats français qui ont instauré le système judiciaire en place. Enfin, la France a contribué à la mise en œuvre du système éducatif, qui est presque inexistant aujourd’hui.

Quel rôle pour la République Dominicaine ?

Sur le rôle de la République Dominicaine, le journaliste de RFI, Jean-Michel Caroit, dont l’épouse est dominicaine, a pris la parole.

Il a précisé deux points majeurs : d’abord, la volonté du gouvernement dominicain de ne pas s’immiscer dans le conflit haïtien et l’hostilité croissante de la classe politique dominicaine envers Haïti depuis plusieurs décennies. Depuis la reprise des violences, l’Etat dominicain a commencé à construire un mur à la frontière avec Haïti et a mis en place un dispositif militaire important pour empêcher les migrants haïtiens de se rendre en République Dominicaine.

Ensuite, le journaliste a rappelé aussi que la République Dominicaine était la première à alerter sur la dégradation de la situation à Haïti auprès de l’ONU. Manifestement, ses messages n’ont pas été pris en compte jusqu’à l’éclatement des violences fin 2023.

Dix-sept personnes d’ascendance française extraites de Gaza

Le Quai d’Orsay a annoncé la sortie de 17 personnes d’ascendance française de Gaza le 6 avril.

Voici le communiqué du Quai en date du 8 avril 2024 :

« La France reste pleinement mobilisée pour permettre à tous les ressortissants français et agents de l’État, ainsi qu’à leurs familles de quitter la bande de Gaza s’ils le souhaitent.

Samedi 6 avril, une nouvelle opération a ainsi permis la sortie via Rafah de 17 ascendants de ressortissants français. Cela porte à plus de 260 personnes le nombre de personnes qui ont pu quitter la bande de Gaza depuis le 1er novembre 2023 dans le cadre du dispositif d’assistance mis en place par le Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en lien avec le Consulat général de France à Jérusalem et l’Ambassade de France au Caire.

Nous remercions les autorités égyptiennes de leur aide constante à ces opérations d’évacuation, organisées dans des conditions très difficiles.

Nous poursuivons par ailleurs nos efforts pour renforcer notre aide humanitaire à la population de Gaza, en lien avec les Nations unies et nos partenaires internationaux.« 

Décevante conclusion dans l’affaire de la conversation téléphonique entre Lecornu et Choïgou

Cet échange téléphonique se transforme en tempête diplomatique. Le Président Macron s’est fâché ce jeudi à l’égard l’attitude du pouvoir russe à la suite des prises de contact téléphonique mercredi soir entre le ministre français des Armées et son homologue russe, Serguéï Choïgou. D’après Moscou, on aurait sérieusement déformé les propos du Ministre Sébastien Lecornu.

Le président Macron voulait que les hauts responsables de la sécurité de France et de Russie coopèrent en matière de lutte contre le terrorisme jihadiste, selon une source informée.

Pourtant, le compte-rendu russe de ce coup de téléphone diverge fortement de la version de Sébastien Lecornu.

Si Lecornu a exprimé la solidarité française avec les victimes russes de l’attentat du 22 mars, à Moscou, il a écarté tout rôle ukrainien dans ce crime.

Serguéï Choïgou a répliqué que les Français auraient, qui sait, épaulé les services secrets ukrainiens. Sa soi-disant preuve : les Ukrainiens agissent toujours avec l’aval des Occidentaux ! Enfin Choïgou a demandé à la France d’empêcher  l’armée ukrainienne d’utiliser une « bombe sale », comprenez une bombe atomique. Rappelons que c’est Vladimir Poutine qui parle d’utiliser des bombes effroyables, et jamais Volodymyr Zelensky, qui n’en dispose pas, son pays ayant restitué la totalité de son arsenal nucléaire soviétique en échange d’une garantie de ses frontières ! C’est le Mémorandum de Budapest de 1994.

Il s’agit maintenant d’un épisode de guerre informationnelle, bien loin de la diplomatie classique.