MGCS : la France et l’Allemagne scellent un accord

Boris Pistorius et Sébastien Lecornu à l’hôtel de Brienne, le vendredi 26 avril 2024. c Maximilien Nagy
Vendredi matin, à l’occasion d’une rencontre bilatérale, les ministres de La Défense français et allemands, Sébastien Lecornu et Oscar Pistorius ont signé l’accord MGCS à l’hôtel de Brienne.

L’accord MGCS devrait désormais voir le jour, suite à la signature d’un premier accord entre Sébastien Lecornu et Boris Pistorius ce vendredi.

Au cours d’une conférence de presse l’hôtel de Brienne, les deux ministres se sont réjouis de la signature de cet accord équitable et innovant, qui devrait révolutionner la manière d’utiliser le char dans les années à venir. Grâce à son drone connecté et à l’usage de l’intelligence artificielle, le MGCS devrait être capable de mieux se protéger contre les attaques de l’adversaire, en particulier les attaques aériennes.

« C’est une rupture technologique, militaire et capacitaire qui va être véritablement puissante » s’est félicité le ministre de la Défense française.

Une innovation unique

Sébastien Lecornu, soutenu par son homologue allemand, a insisté particulièrement sur le caractère ambitieux du projet.

Pour l’heure, le MGCS est le seul projet de système de combat aussi innovant existant et dépasse un simple projet d’amélioration de char : « ce n’est pas un nouveau Léopard ou un nouveau Leclerc » s’est vanté le ministre français. Ce dernier n’a pas manqué par ailleurs de souligner que « nos amis américains n’ont pas encore commencé à réfléchir au post Abrahams et que les Russes enregistrent de grosses difficultés sur l’avenir de leur génération actuelle de chars. » Les Britanniques, ignorés par le ministre, ont débuté la production du Challenger 3 ce mois-ci, qui devrait être opérationnel jusqu’en 2040 au moins selon le Ministry of Defence (MoD) britannique.

Rappelons que l’aboutissement du MGCS n’est pas prévu avant 2040 et, comme souvent, pourrait prendre du retard comme c’est fréquemment le cas pour des projets de cette envergure. Pour l’heure, Sébastien Lecornu a annoncé que 500 millions d’euros sont alloués au MGCS dans la loi de programmation militaire française qui s’étend jusqu’en 2030. « Ce n’est pas rien ! » a-t-il insisté.

renouer l’Amitié franco-allemande

S’il y a bien un point que les deux ministres ont souhaité afficher, c’est l’amitié franco-allemande. Sébastien Lecornu, tout comme Boris Pistorius s’en sont félicités durant leur conférence de presse  – au contenu informatif limité. Finis les désaccords sur le SCAF liés à la répartition de la construction des différentes composantes. Désormais, la place est à la consultation des armées, qui après tout seront celles qui utiliseront le SCAF d’ici une vingtaine d’années.

Le MGCS est le résultat d’un « contact très étroit entre nos deux ministères » s’est réjoui M. Pistorius, qui s’est montré optimiste s’agissant de l’approbation du projet par le Bundestag, qui devrait voter d’ici à la fin de l’année : « je n’ai aucun doute qu’il sera adopté par une très large majorité » a-t-il assuré. Même son de cloche de la part de Sébastien Lecornu pour le vote à l’Assemblée nationale.

En reprenant un passage du discours d’Emmanuel Macron à La Sorbonne, prononcé jeudi matin, le ministre allemand a insisté sur le « besoin d’une vision européenne de l’industrie de la défense« . Dans cet esprit, Sébastien Lecornu a manifesté son intérêt pour visiter une usine Rheinmetall, un fait très rare selon le ministre.

Les ministres ont enfin assuré que le projet demeurera ouvert à d’autres pays qui souhaiteraient s’y joindre, dont l’Italie, qui est déjà membre observateur du MGCS, ou encore la Pologne.

Liste de piliers :

Plateforme; fonction à feu classique; innovante; connectivité (Cloud combat, système com’); simulation associée au système; capteurs du système; protection active des diffs briques du système (antidrône); infrastructures

MGCS : les détails de l’accord trouvé entre la France et l’Allemagne

Le ministre des Armées français, Sébastien Lecornu et son homologue allemand, Boris Pistorius, sont parvenus à un accord sur le projet de char 2.0, le MGCS (Main Ground Combat System). En voici les principaux détails.

L’Allemagne et la France sont désormais tombées d’accord pour la construction du MGCS, après plusieurs années de dures négociations. On peut affirmer ici de source sûre que le projet se répartira équitablement entre la France et l’Allemagne : chacun construira une moitié du projet, développement et production confondus. D’ici le 28 avril, un document avec une notification des contrats devrait être signé.

Il y au total huit piliers, dont la conception et la construction de chacun seront confiés à des constructeurs allemands ou français. En voici les principaux : la construction de la plateforme du char, du système de fourrage du canon, des systèmes de communication, de la simulation, des capteurs et de la protection des plateformes et les infrastructures. Le MGCS fera en principe un usage abondant d’intelligence artificielle et sera doté d’un système anti-drone.

L’Etat français a prévu d’allouer un total de 500 millions d’euros à ce projet entre 2024 et 2030. Son coût précis n’est pas encore défini pour autant.

Pour l’heure, seuls la France et l’Allemagne sont membres de ce projet. L’Italie n’a que le statut de membre observateur pour l’instant.

Un deuxième projet de char est actuellement en cours au Royaume-Uni depuis 2021 : le Challenger 3, construit par le consortium Rheinmetall-BAE Systems Land. La livraison de ce char à l’armée britannique devrait se faire en principe d’ici à 2027. En 2021, son coût total était estimé aux alentours de 932 millions d’euros.