Rencontre Blinken – Lecornu à Satory : une opération de com’ réussie

Le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, de passage à Paris ce mardi, a visité le site de construction de Nexter à Satory, en compagnie du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. L’occasion pour eux de rappeler l’importance d’investir dans l’armement et de soutenir l’Ukraine.

Au cours d’une visite étape en France, en direction d’Israël, le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, s’est rendu sur le site de Nexter, à Satory, dans les Yvelines. Ce fut l’occasion pour celui-ci de rappeler l’importance du partenariat entre la France et les Etats-Unis en matière de Défense. Accompagné du ministre aux Armées, Sébastien Lecornu, Blinken a tenu une courte conférence de presse devant un canon Caesar, exposé dans un hangar de l’entreprise.

Durant ses quelques minutes de déclaration, Anthony Blinken a souligné qu’il est « absolument essentiel que les Ukrainiens aient ce dont ils ont besoin pour se défendre », en particulier des munitions.

Le Secrétaire d’Etat américain a par ailleurs averti que pour venir en aide efficacement à l’Ukraine, il fallait « opérer un investissement dans nos propres systèmes de défense ». Une manière indirecte de souligner l’importance que tous les pays-membres de l’OTAN atteignent les fameux 2% du PIB consacrés à la politique de Défense. Un objectif auquel la France devrait parvenir en 2025.

Blinken est aussi revenu sur les difficultés persistantes de l’administration américaine à faire voter le paquet d’aides à l’Ukraine de 60 milliards de dollars par le Congrès. Pour l’heure, la Chambre des représentants, à majorité républicaine, refuse de voter ce budget. « Les promesses de budget faites par le président Biden doivent être remplies aussi vite que possible […] Les problèmes auxquels nous faisons face ne vont pas être résolus tout de suite » a prévenu le Secrétaire d’Etat.

En réponse à l’intervention de son homologue américain, Sébastien Lecornu, a annoncé une nouvelle augmentation de la cadence de production des canons Caesar : « nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois dans les temps qui viendront » a-t-il déclaré. Pour l’instant, la production est de six par mois.

 

La France versera 30 millions d’eurs à l’UNRWA en 2024

Le ministère des Affaires étrangères a annoncé que la France avait l’intention de verser 30 millions d’euros à l’UNRWA pour l’année 2024 (United Nations Relief and Works Agency for Refugees in Palestine and the Near East).

Ce nouveau paquet d’aides est largement inférieur aux 60 millions d’euros versés par la France à l’agence onusienne en 2023, qui étaient dus à des « circonstances exceptionnelles » selon les mots du porte-parole adjoint du ministère.

Pour l’instant, la répartition des sommes sur les différents trimestres de l’année ne sont pas connus.

MGCS : les détails de l’accord trouvé entre la France et l’Allemagne

Le ministre des Armées français, Sébastien Lecornu et son homologue allemand, Boris Pistorius, sont parvenus à un accord sur le projet de char 2.0, le MGCS (Main Ground Combat System). En voici les principaux détails.

L’Allemagne et la France sont désormais tombées d’accord pour la construction du MGCS, après plusieurs années de dures négociations. On peut affirmer ici de source sûre que le projet se répartira équitablement entre la France et l’Allemagne : chacun construira une moitié du projet, développement et production confondus. D’ici le 28 avril, un document avec une notification des contrats devrait être signé.

Il y au total huit piliers, dont la conception et la construction de chacun seront confiés à des constructeurs allemands ou français. En voici les principaux : la construction de la plateforme du char, du système de fourrage du canon, des systèmes de communication, de la simulation, des capteurs et de la protection des plateformes et les infrastructures. Le MGCS fera en principe un usage abondant d’intelligence artificielle et sera doté d’un système anti-drone.

L’Etat français a prévu d’allouer un total de 500 millions d’euros à ce projet entre 2024 et 2030. Son coût précis n’est pas encore défini pour autant.

Pour l’heure, seuls la France et l’Allemagne sont membres de ce projet. L’Italie n’a que le statut de membre observateur pour l’instant.

Un deuxième projet de char est actuellement en cours au Royaume-Uni depuis 2021 : le Challenger 3, construit par le consortium Rheinmetall-BAE Systems Land. La livraison de ce char à l’armée britannique devrait se faire en principe d’ici à 2027. En 2021, son coût total était estimé aux alentours de 932 millions d’euros.

Une armée suédoise en renouvellement

Les chefs d’Etat-major français et suédois ont donné une conférence de presse ce jeudi pour exposer les prochains domaines de collaboration entre la France et la Suède en matière de défense. L’occasion pour Micael Bydén de présenter les priorités de l’armée suédoise pour les prochains années, après son accession à l’OTAN.

Deux semaines après l’accession officielle de la Suède à l’OTAN, le général Thierry Burkhard et son homologue suédois, le général Micael Bydén, ont donné une conférence de presse conjointe pour exposer les nouveaux domaines de collaboration entre la France et la Suède en matière de défense.

A l’occasion d’une courte déclaration au cours de la conférence de presse, Thierry Burkhard s’est félicité que désormais la mer Baltique était devenue un « lac otanien », après l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN. Rappelons que dans le droit, la mer Baltique reste une mer internationale que les Russes sont en droit d’utiliser au même titre que les pays de l’OTAN.

L’entrée de la Suède marque la fin de deux siècles de neutralité pour ce royaume depuis l’arrivée de Bernadote sur le trône en 1810. Durant la conférence de presse, le général suédois a établi un objectif clair : rééquiper et faire grandir l’armée suédoise pour faire face à une éventuelle invasion russe.

Renforcer l’armée suédoise

L’un des engagements majeurs de la Suède pour la décennie est de faire grandir son armée de terre. Parmi les évolutions prévues, Micael Bydén a déclaré vouloir amener le nombre de troupes à 8 000 conscrits d’ici à 2025 et à 10 000 d’ici à 2030. « L’essentiel des nouvelles troupes iront à l’armée de terre » assure le général suédois. Durant son allocution, Thierry Burkhart s’est d’ailleurs montré élogieux à l’égard de l’armée suédoise, pourtant bien plus petite que l’armée française, qu’il a estimé « bien équipée » et professionnelle.

Rappelons que dans le domaine aérien, l’armée suédoise possède aujourd’hui cent avions de combats : il s’agit de l’une des plus grandes flottes aériennes d’Europe.

La Suède possède aussi plusieurs entreprises renommées en matière de défense. Parmi elles, mentionnons Saab, pour les avions de chasse, dont les Grippen Fighters et Volvo Defense, spécialisée dans le transport de troupes. L’autre entreprise suédoise majeure est BAE Systems & Land Armement, une holding de la compagnie britannique BAE Systems, qui construit des chars et des canons.

Préparer les Suédois à la guerre

Dans sa réponse aux questions des journalistes, Micael Bydén a précisé son désir de communiquer davantage auprès des Suédois pour les préparer à un éventuel conflit.

« Dans les années 1950 et 1960, nous avons baissé considérablement les effectifs de notre armée et avons quasiment supprimé la conscience de défense civique en Suède » a rajouté le général suédois. Une des initiatives qu’il compte désormais entreprendre, est la sensibilisation des jeunes suédois à la guerre.

Un premier changement est intervenu au début de l’année, lorsque les médias suédois ont couvert tout particulièrement le conflit ukrainien, pour alerter sur le risque sérieux de conflit en Europe. Le général Bydén a insisté : « vous ne pouvez préparer les mentalités à la guerre dans une situation de conflit ouvert ». Mieux vaut donc anticiper au maximum.

Le budget de la Défense suédois devrait atteindre les 2% du PIB de la Suède cette année d’après les estimations du gouvernement.

L’Arménie remercie les troupes russes stationnées à l’aéroport international de Erevan

L’Arménie s’éloigne encore un peu plus de la Russie, après qu’elle a annoncé ce jeudi qu’elle n’avait plus besoin des gardes-frontières russes, déployés à l’aéroport international de sa capitale Erevan depuis trente-deux ans.

Nikol Pachinian rencontre Vladimir Poutine en Russie, en avril 2022.

En vertu d’un accord entre Erevan et Moscou, signé en 1992, la Russie était chargée du contrôle des frontières à l’aéroport de Zvartnots, mais aussi avec les frontières turques et iraniennes.

A l’époque, l’Arménie devenue indépendante avec la désagrégation de l’URSS en 1991, ne disposait pas de ses propres gardes-frontières.

Mais, selon le ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzoïan, « l’Arménie a désormais les capacités institutionnelles nécessaires pour assurer le contrôle des frontières » à l’aéroport.

« Nous avons informé la Russie que (son) aide n’était plus nécessaire pour effectuer le contrôle des frontières à l’aéroport de Zvartnots », a-t-il indiqué jeudi.

Cette décision ne concerne toutefois pas les gardes-frontières russes positionnés à des postes frontaliers.

Des relations arméniennes et russes dégradées

Fin février, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait annoncé que son pays gelait « en pratique » sa participation à une alliance militaire avec la Russie, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Depuis la reprise militaire par l’Azerbaïdjan de l’enclave séparatiste du Haut-Karabakh, en septembre 2023, les relations entre l’Arménie et la Russie se sont fragilisées. L’absence de réaction des troupes russes à l’invasion azerbaïdjanaise a provoqué le mécontentement tout particulier du gouvernement arménien.

Déjà en novembre 2023, l’Arménie avait boycotté un sommet de l’alliance en novembre, estimant que « les actions de l’OTSC [n’étaient] pas alignées avec les intérêts de l’Arménie ».

Depuis quelques mois, l’Arménie a accéléré son rapprochement avec des partenaires occidentaux, les États-Unis et la France en tête.

Par ailleurs, l’adhésion de l’Arménie à la Cour pénale internationale a attisé les tensions avec Moscou, Erevan étant désormais tenu d’arrêter le président russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt, s’il venait à se rendre dans le pays.