Décevante conclusion dans l’affaire de la conversation téléphonique entre Lecornu et Choïgou

Cet échange téléphonique se transforme en tempête diplomatique. Le Président Macron s’est fâché ce jeudi à l’égard l’attitude du pouvoir russe à la suite des prises de contact téléphonique mercredi soir entre le ministre français des Armées et son homologue russe, Serguéï Choïgou. D’après Moscou, on aurait sérieusement déformé les propos du Ministre Sébastien Lecornu.

Le président Macron voulait que les hauts responsables de la sécurité de France et de Russie coopèrent en matière de lutte contre le terrorisme jihadiste, selon une source informée.

Pourtant, le compte-rendu russe de ce coup de téléphone diverge fortement de la version de Sébastien Lecornu.

Si Lecornu a exprimé la solidarité française avec les victimes russes de l’attentat du 22 mars, à Moscou, il a écarté tout rôle ukrainien dans ce crime.

Serguéï Choïgou a répliqué que les Français auraient, qui sait, épaulé les services secrets ukrainiens. Sa soi-disant preuve : les Ukrainiens agissent toujours avec l’aval des Occidentaux ! Enfin Choïgou a demandé à la France d’empêcher  l’armée ukrainienne d’utiliser une « bombe sale », comprenez une bombe atomique. Rappelons que c’est Vladimir Poutine qui parle d’utiliser des bombes effroyables, et jamais Volodymyr Zelensky, qui n’en dispose pas, son pays ayant restitué la totalité de son arsenal nucléaire soviétique en échange d’une garantie de ses frontières ! C’est le Mémorandum de Budapest de 1994.

Il s’agit maintenant d’un épisode de guerre informationnelle, bien loin de la diplomatie classique.

Le téléphone fonctionne encore entre Paris et Moscou !

Le téléphone fonctionne encore entre Paris et Moscou. D’ailleurs, en matière de lutte contre le terrorisme, il ne s’est jamais arrêté, du moins vu par les ministres de la défense. 

Le Ministère des Armées publie ceci ce 3 avril 2024:

Entretien téléphonique du ministre des Armées avec Sergueï Choïgou 3/04/2024

Le ministre des Armées s’est entretenu le mercredi 3 avril avec son homologue russe Sergueï Choïgou. 

Suite à l’attentat survenu près de Moscou le 22 mars dernier commis par l’État islamique, le ministre a rappelé notre ferme condamnation et la solidarité de la France avec les victimes et leurs familles. Il a confirmé que la France ne disposait d’aucune information permettant d’établir un lien entre cet attentat et l’Ukraine. Il a appelé la Russie à cesser toute instrumentalisation. Il a par ailleurs rappelé la disponibilité de la France, comme nous l’avons toujours fait face au terrorisme, d’échanges accrus dans le but de lutter le plus efficacement possible contre cette menace.

Le ministre a par ailleurs condamné sans réserve la guerre d’agression que la Russie a lancée en Ukraine et a rappelé que la France continuera de soutenir l’Ukraine aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire dans sa lutte pour la liberté et la souveraineté, afin de ramener la paix et la sécurité sur le continent européen.

En fait les deux ministres s’étaient parlé en octobre 2022 déjà. Le canal antiterroriste n’a jamais cessé de fonctionner. C’est même le cas entre Washington et Moscou, à ceci prêt que Vladimir Poutine a traité les mises en garde américaines de provocations déstabilisantes. Est-il possible que le caractère public de la mise en garde américaine d’une attaque imminente était humiliante ? 

La France ne voudrait pas avoir ce genre de relation avec la Russie, mais ne voudrait pas non plus être accusée d’un défaut de collaboration non plus.

Rencontre Blinken – Lecornu à Satory : une opération de com’ réussie

Le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, de passage à Paris ce mardi, a visité le site de construction de Nexter à Satory, en compagnie du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. L’occasion pour eux de rappeler l’importance d’investir dans l’armement et de soutenir l’Ukraine.

Au cours d’une visite étape en France, en direction d’Israël, le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, s’est rendu sur le site de Nexter, à Satory, dans les Yvelines. Ce fut l’occasion pour celui-ci de rappeler l’importance du partenariat entre la France et les Etats-Unis en matière de Défense. Accompagné du ministre aux Armées, Sébastien Lecornu, Blinken a tenu une courte conférence de presse devant un canon Caesar, exposé dans un hangar de l’entreprise.

Durant ses quelques minutes de déclaration, Anthony Blinken a souligné qu’il est « absolument essentiel que les Ukrainiens aient ce dont ils ont besoin pour se défendre », en particulier des munitions.

Le Secrétaire d’Etat américain a par ailleurs averti que pour venir en aide efficacement à l’Ukraine, il fallait « opérer un investissement dans nos propres systèmes de défense ». Une manière indirecte de souligner l’importance que tous les pays-membres de l’OTAN atteignent les fameux 2% du PIB consacrés à la politique de Défense. Un objectif auquel la France devrait parvenir en 2025.

Blinken est aussi revenu sur les difficultés persistantes de l’administration américaine à faire voter le paquet d’aides à l’Ukraine de 60 milliards de dollars par le Congrès. Pour l’heure, la Chambre des représentants, à majorité républicaine, refuse de voter ce budget. « Les promesses de budget faites par le président Biden doivent être remplies aussi vite que possible […] Les problèmes auxquels nous faisons face ne vont pas être résolus tout de suite » a prévenu le Secrétaire d’Etat.

En réponse à l’intervention de son homologue américain, Sébastien Lecornu, a annoncé une nouvelle augmentation de la cadence de production des canons Caesar : « nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois dans les temps qui viendront » a-t-il déclaré. Pour l’instant, la production est de six par mois.

 

Les ministres lituaniens se sont rendus nombreux au Paris Defence and Security du 13 et 14 mars

Lors du Paris Defence and Strategy Forum du 13 et 14 mars — premier du genre—, le Président de la République de Lituanie, M. Gitanas Nauseda, a fait le déplacement avec plusieurs ministres. DD en rencontré deux.

§ Madame Greta Monika Tučkutė
Vice-Ministre de la Défense nationale
Madame Greta Monika Tučkutė
Vice-Ministre de la Défense nationale de Lituanie
DD: Quelles actions mène votre pays depuis février 2022 pour faire face à la guerre en Ukraine ?
Greta Monika Tučkutė: Nous avons élevé notre investissement à hauteur de 2,77% du PIB, ce qui représente un effort financier considérable pour notre pays qui comporte 2,7 millions d’habitants seulement.Dans quels armements avez-vous spécifiquement investis ces deux dernières années ?
GMT: Un des investissements importants pour notre pays a été la commande de dix-huit canons César à la France. En principe, la commande devrait être livrée pour 2027. Par ailleurs, nous avons aussi investi dans des drones, achetés à Thalès, des hélicoptères et des véhicules de combat.

Prévoyez-vous la mise en place des mesures de conscription ?
GMT: Pour l’instant, notre armée de réserve est constituée avant tout de volontaires, mais nous accroissons le  nombre de personnes appelées par le biais d’une loterie nationale.
Nous souhaitons dans tous les cas accroître le nombre de soldats au sein de notre armée pour pouvoir faire face à une éventuelle attaque de l’armée russe dans le futur.

Fournissez-vous de l’aide militaire à l’Ukraine ?
GMT: Oui, nous fournissons de l’aide humanitaire, ainsi que de l’armement. Nous avons donné un total de 550 millions d’euros d’armes (munitions, canons, etc.) à l’armée ukrainienne depuis février 2022.

propos recueillis par Maximilien Nagy

 

§ Mrs. Erika Kuročkina

Erika Kuročkina, ministre de l’Industrie et de l’Innovation au Paris Defence and Security Forum
Minister of Industry and Innovation, shared some of her thoughts with us. As an elected official, she could comment on internal politics, and particularly on the Russian minority — to surprising effet.
DD: How are you working for allies for the production of armament? 

Erika Kuročkina: « The shift to tech is imperative. Our military is starting to work with tech companies, they are often civilian based but they are rethinking for dual use. The nature of war has changed, Ukraine  shows this.

Lithuania has a niche of laser for optical, artificial intelligence solutions,
observation, anti drone tracking. Drones are total battlefield innovation. We invest in our local industry, we create without Chinese input, only Lithuanians and other Europeans. We are good at demining, with a system to detonate from a distance.
There is the NATO procurement agency, and even the EU arms strategy. Before the war, countries went it alone. We must strengthen coordination, and rely on each countries strength.
The French market is important, we seek strategic partnerships. I am thinking namely of Unmanned Defense systems.
DD: You are en elected official, what can you tell us of the Russian minority? 
EK: There is a difference with Latvia: in Lithuania Russians naturalized early on, far less naturalization in Latvia. There are also Belarusan exiles. It is strange, they are all very patriotic. I myself am half Russian, for example.
There is a big risk, in Seimas (parliament) there is talk of traitors and spies, secret service is watchful, and interestingly there are non-Russian pro-Putin people and they initiate provocations. The problem is not precisely ethnic Russians.
Pro-Putin people talk about diplomacy and a so-called peaceful way. They tolerate the war. In Lithuania Russian TV channels are blocked, no transport, we have Lithuanian online Russian language news.
DD: Finland and Sweden to NATO?
EK: Finland is a big contribution, they are very determined. Now the Baltic Sea is a NATO Sea. It gives us security.

propos recueillis par Maximilien Nagy et Harold Hyman

La France versera 30 millions d’eurs à l’UNRWA en 2024

Le ministère des Affaires étrangères a annoncé que la France avait l’intention de verser 30 millions d’euros à l’UNRWA pour l’année 2024 (United Nations Relief and Works Agency for Refugees in Palestine and the Near East).

Ce nouveau paquet d’aides est largement inférieur aux 60 millions d’euros versés par la France à l’agence onusienne en 2023, qui étaient dus à des « circonstances exceptionnelles » selon les mots du porte-parole adjoint du ministère.

Pour l’instant, la répartition des sommes sur les différents trimestres de l’année ne sont pas connus.